
À l’occasion de la première édition du Rose Festival à Toulouse, nous avons posé quelques questions à un artiste que l’on apprécie particulièrement chez Valliue : NTO ! De son départ de Hungry Music à sa relation avec le public, en passant par sa tournée… Retrouvez ci-dessous l’intégralité de ses propos :
Salut, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Salut, merci pour l’interview ! Mon nom d’artiste est NTO, je viens de Marseille et j’ai 36 ans. Je fais de la musique électronique depuis une dizaine d’années, voire un peu plus.
C’est la question de base du site : quelle est ta définition de la musique électronique ?
Ma définition, comment je la conçois… C’est quelque chose de libérateur et d’introspectif. Tu te défoules, tu planes, tu réfléchis, et en même temps tu kiffes !
Il y a presque deux ans maintenant, tu as mis un terme à ton aventure Hungry Music afin de te lancer seul à l’aventure. Cette étape était-elle primordiale pour ton épanouissement personnel ?
Non, ce n’était pas primordial. Ça a été naturel. Après oui effectivement, on sentait que l’on avait envie de se libérer de la maison Hungry et assumer nos directions artistiques respectives. J’avais vraiment envie d’assumer mon projet tout seul à 200%, de me faire une équipe pour m’accompagner. C’est ce qu’il s’est passé, ça fait trois ans que j’ai une nouvelle team. Après, Hungry ça a duré 7/8 ans, ça nous a amené beaucoup de maturité. C’était donc le moment pour voler de nos propres ailes.
Après cette étape, tu en as franchi encore une autre avec “Apnea”, ton premier album studio. À l’heure où la musique se consomme principalement sur les plateformes de streaming, as-tu eu des craintes autour de la sortie de ton album ?
Non (rires). Je n’avais pas trop de crainte mais je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre comme c’était la première fois que je sortais un album. Avant ça, je faisais des EPs et des singles. Ce format était donc nouveau pour moi. Mais ça marche assez bien les albums en streaming normalement. Donc je ne me posais pas vraiment la question concernant le streaming, mais plutôt si le projet allait être bien, si les morceaux allaient être cools… Tu sors quand même 13 morceaux d’un coup alors que normalement j’en sors un tous les 2/3 mois, donc j’espérais qu’il n’y en ait pas qui passent à la trappe lors des écoutes. C’est plus concernant la direction artistique ! Sur Hungry, il y avait un roulement entre les artistes donc le rythme de sortie n’était pas très soutenu non plus. J’avais envie de prendre du temps pour l’album, d’autant plus que c’était en plein covid.
Ton titre “Invisible” possède une version avec le pianiste et virtuose Sofiane Pamart. Comment décrirais-tu cette version par rapport à l’originale ?
Trop cool pour moi ! C’est génial. L’album a déjà été un peu ma découverte des collaborations, car avant je créais en solitaire. Pour l’album, je voulais explorer des choses que je ne connaissais pas et les collaborations en faisaient partie. Il y a eu plein de remixes. Sofiane Pamart est un pianiste que j’apprécie beaucoup. Son manager connaît le mien, donc il y avait un lien. On est entré en contact et le personnage est adorable, très gentil et très talentueux. J’avais cette idée de revisiter le titre “Invisible”. Il y avait ce côté électro avec Paul Kalkbrenner donc génial, et je voulais également une version un peu plus acoustique du morceau avec Sofiane. Il a beaucoup aimé la mélodie. Il l’a revisitée, et ensuite j’ai reproduit le morceau dessus. On a fait quelques aller-retours comme ça, c’était génial. Terrible comme expérience ! Je suis trop content du résultat, Sofiane aussi et ça nous a donné envie de rebosser ensemble. Dès qu’on a le temps, on va le faire ! On est très pris tous les deux, mais on attend le moment opportun.
Tu parlais de Paul Kalkbrenner… Être repris par une légende comme lui, c’est un rêve ?
C’est un peu une consécration oui, je n’y croyais pas trop. C’est vraiment un des trois artistes qui m’a donné envie de faire ce son. Quand il te dit “Ok pour faire un remix, car la mélodie me plaît”, c’est trop cool. Paul K ne fait pas de remix pour le business, il le fait car il a un coup de cœur. Il n’a plus rien à prouver, donc trop cool ! Ça s’est passé de manière très fluide, son manager est adorable. Il m’a renvoyé le remix, quand je l’ai écouté j’ai halluciné. Franchement, je ne réalisais pas. C’était quelque chose de très intense, car Paul K est vraiment au-dessus pour moi. C’est comme si tu étais un footballeur et que Zidane appréciait tes passements de jambes ! Tu as la reconnaissance d’un gars qui t’a inspiré. Ta mélodie l’inspire, ça vient récompenser tout le travail que tu fais depuis 15 ans.
Une bonne partie de tes titres sont accompagnés par de jolis clips ! Illustrer ta musique, c’est important pour sublimer sa manière de la consommer ?
Ce n’est pas forcément important, mais c’est quelque chose que je voulais faire depuis longtemps. On travaille avec Incendie, une boîte qui est vraiment bien et qui fait de supers clips. J’adore le cinéma aussi, donc j’ai beaucoup aimé le travail de transcription des notes en images. Ce n’est pas quelque chose qui est primordial, mais l’expérience est folle. On en a fait 3 ou 4 avec eux. J’en referais sûrement, mais là j’ai plutôt envie de faire des clips graphiques, plus orientés motion design et 3D. Je faisais ça avant et ça m’attire beaucoup. Je vois plus de l’abstrait sur mes morceaux en ce moment. Mais j’adore le côté narratif, et on l’a bien fait donc je suis très content.
Question assez courante pour les artistes s’exerçant dans un style similaire : est-ce que produire pour le cinéma est un projet pour toi ?
Ce n’est pas un projet déterminé, mais si l’idée tombe… Je suis chaud ! J’aime bien tester des exercices qui sont loin de ce que je fais d’habitude. J’ai déjà fait de la musique à l’image quand j’étais graphiste, des morceaux pour des projets vidéos. Donc je pense pouvoir m’adapter et trouver des choses à faire. Ça me plairait beaucoup, même si le projet n’est pas sur la table maintenant.
Ton album s’inscrit dans la continuité de ce que tu proposes depuis plusieurs années, dans une veine Melodic Techno. Comptes-tu élargir ta palette artistique à l’avenir ?
Oui, c’est quelque chose que j’ai tout le temps en tête. Même si c’est melodic techno, j’ai eu des passages qui étaient plus techno et avec moins de mélodies, et inversement. J’ai toujours bien aimé faire des pas à gauche et à droite de mon chemin. Je pense que c’est quelque chose que je ferai de plus en plus. L’album m’a permis d’aller sur des terrains plus expérimentaux. Après ce premier album qui a “rassuré” les gens qui m’écoutaient depuis longtemps, j’ai envie de me lâcher un peu plus. Donc oui, je vais tenter des trucs !
On te retrouve ici au Rose Festival, dans le cadre de ton “Apnea Tour”. Après cette triste période liée à la crise sanitaire… Vis-tu tes concerts différemment ?
De façon encore plus intense ! La reprise a eu une intensité particulière. Ça nous a fait capté que tout peut s’arrêter. Donc oui, j’ai l’impression de profiter encore plus qu’avant. On vit chaque jour comme le dernier, comme dirait Corneille (rires) !
Cette tournée a d’ailleurs débuté par le Zénith de Paris, tu qualifiais cette date de “rêve de gosse” ! Ça a été à la hauteur de tes attentes ?
De ouf, encore plus ! Franchement, c’était incroyable. C’est passé en trois secondes, mais je crois que c’était la première fois que je faisais un concert de 21h à 23h. Les gens viennent pour toi, tu as les fidèles les plus proches en face de toi. C’était la folie. J’avais l’impression de revoir des visages que je voyais partout en France quand je jouais. C’était la famille ! Un très bon moment, il y avait une alchimie particulière. La scénographie était plus grosse que ce qu’on fait actuellement. C’était un super souvenir !
On a interviewé ton ami Joris Delacroix lors du Garorock ! Il nous disait vouloir pousser son live à 2h, mais pas plus car il a peur d’une lassitude du public… Toi qui a déjà poussé à 3h au T7, partages-tu sa pensée ?
Je pense à Reinier Zonneveld qui fait des lives de 11h. Si tu te donnes les moyens d’avoir beaucoup de matière, de varier et de t’amuser en renouvelant tes lives… Tu peux te le permettre. Ce n’est pas mon cas spécialement, mais lui a une liberté folle. J’ai beaucoup de matière dans mon live, je peux jouer 3h30 voire même 4h. Dans ce cas là, je jouerais tous mes morceaux. Mais j’aime bien la possibilité de pouvoir jouer plus lentement, plus rapidement et trier mes morceaux. J’aime jouer en début de soirée et installer une ambiance, ou envoyer la patate en fin de soirée. J’aime le fait que ce soit modulable. Généralement, je maronne quand j’ai 1h ou 1h15 de show car je trouve ça trop court. J’aime bien installer l’ambiance. 1h45 c’est super, et 2h j’adore ! Au delà, ça commence à représenter un petit challenge. Mais c’est vrai qu’il ne faut pas le faire trop souvent, sinon ça peut être redondant.
Tu es quelqu’un de très simple, de passionné. Tes productions respirent la sincérité, le plaisir que tu prends sur scène est contagieux. Tu profites pleinement des événements où tu joues, tu te balades, tu partages un verre… On est d’accord qu’il n’y avait pas d’autre voie professionnelle envisageable que la musique ?
C’est marrant que tu dises ça, c’est un peu ça oui. Je me suis toujours vu faire ça, même si ce n’est pas trop adapté à la personne que je suis. Sur scène, je kiffe à fond mais ça n’a pas toujours été le cas pour être honnête. Au début, ça a presque été traumatisant car se retrouver tout seul sur une scène de 100m2 avec tout le monde qui te regarde… Ce n’est pas du tout dans mon tempérament. Donc j’ai appris, et je pense que c’est en tissant ce lien avec les gens qui m’écoutent que j’ai pris confiance. Ça m’a rassuré et je suis devenu bien plus à l’aise sur scène. Je sais l’image que je renvoie et je me sens en parfaite harmonie avec ça maintenant. Mais ce sont les gens qui me l’ont donné, il y a un bel échange. Quand j’ai fini de jouer et que j’ai le temps, j’adore aller perdre la raison sur un dancefloor. Franchement j’aime trop, et c’est la base de la musique que je fais.
Quels sont tes projets pour la suite ?
Je pense déjà au deuxième album ! Je ne sais pas s’il aura un format album avec 13 ou 15 morceaux, peut-être que ce sera plusieurs EPs avec un fil conducteur qui les unit… On va voir. Je pense déjà à la suite. La production du premier, mine de rien, je l’ai faite il y a plus d’un an. La tournée est tellement intense que c’est chaud, mais j’attends d’avoir un nouveau moment studio pour m’y remettre dedans. J’ai plein d’idées. Pour faire écho à ce que tu disais tout à l’heure, j’ai vraiment envie de sortir des choses qui sortent du cadre de ce que je fais d’habitude. J’ai l’impression que les gens pourraient être prêts à entendre des choses un peu différentes tu vois, qu’ils seraient attentifs. Après le premier album qui se voulait rassurant, c’est le moment de tenter des trucs. Sans trop partir en cou*lles non plus (rires) ! Il y a aussi des remixes qui vont arriver dans pas longtemps, je ne peux pas dire de qui mais mais c’est vraiment cool.
Merci d’avoir répondu à nos questions ! As-tu un dernier message à faire passer ?
Merci beaucoup, je suis très content de jouer ce soir au Rose Festival, ça a l’air gros en plus. J’adore Toulouse, le public est trop chaud. Je pense que c’est le public le plus chaud de France donc je suis ravi d’être ici. Merci encore !
Réalisation : Valso / Préparation : Valso, So & Mike / Retranscription : Valso / Photo : © Oce-B / Valliue
Une réflexion sur “Interview : NTO”