Interview : STV

A l’occasion de la dernière grande fête de la saison pour Karnage, le 10 juin dernier, le Karnage Soldier STV clôturait la soirée. Récemment annoncé sur le label Partyraiser Recordings de Partyraiser, nous avons eu la chance de poser nos questions au DJ Toulousain.

Salut STV, peux-tu te présenter pour ceux qui te connaissent pas ?

Je suis STV, je mixe depuis 6 ans, je mélange beaucoup de styles : Uptempo, Frenchcore… Je tiens un peu plus sur l’Uptempo à l’heure actuelle.

C’est la question de base de Valliue, quelle est ta définition de la musique électronique ?

Elle démarre au niveau de l’EDM, ça parle de synthé, faut que ça soit la fête aussi ! Le côté Hardcore dans la musique électronique, je l’aime mais j’aime aussi le côté festif de ces musiques-là. On compte beaucoup de styles, c’est ça qui peut être intéressant : la Drum’N’Bass, la Techno… C’est un peu tout public, c’est un peu le Rock de l’époque. Avant il y avait le Rock de nos parents et maintenant on a la musique électronique avec les DJs sets et on se retrouve dedans.

Nous t’avons connu à l’époque où Death Break organisait des soirées au Follow Me. Tu étais vêtu d’un déguisement de lapin, pourquoi l’avoir quitté ?

Le déguisement a commencé, au fur et à mesure, avec les dates qui arrivaient et on où me demandait des photos. J’étais gêné de faire tout ça, même si ça a toujours été de l’éclate, j’étais en mode festif et ça me gênait un peu de me faire prendre en photo. J’avais ça, ce n’était même pas à moi, c’était à des potes. Je l’ai mis après la soirée puis au final c’est resté. Je l’ai porté une fois pour halloween et je l’ai gardé 10 minutes car j’avais trop chaud. Par la suite, avec le travail et le côté professionnel, notamment depuis que je fais des vidéos avec Marco (ndlr : Marc Valadier, son vidéaste), ça ne me dérange plus d’afficher mon visage.

Est-ce que la scène t’as permis de gagner en confiance ?

Oui, je pense que oui. Je pense que toute cette expérience depuis le début est super enrichissante : le contact humain et l’adrénaline que ça amène. Cela m’a permis de me rendre compte également que je suis un bosseur parce qu’en arrivant à 18 ans, je me suis trouvé grâce à ça et ça me permet de savoir où je veux aller. Actuellement, je fais 2 jobs : DJ et mon travail personnel donc je bosse 7 jours sur 7. Soit je bosse les vidéos avec Marc, soit je travaille à mon taff normal, soit je réfléchis à la communication que je peux faire, soit je compose. Au final c’est du non-stop, j’ai un rythme soutenu et c’est ça que je cherchais. J’ai des objectifs et c’est ce qui me fait vivre : aller chercher des objectifs toujours plus gros.

Présente nous Marc : comment est née cette relation et ce projet de communication farfelue ?

Je suis tombé sur ses vidéos. Il a fait un petit aftermovie pour un évènement et j’ai trouvé cool la qualité d’image qu’il avait, je ne savais même pas s’il était doué derrière. Pendant ce temps je cherchais à monter un côté professionnel sur les réseaux sociaux parce que la composition n’est pas suffisante pour avoir un impact plus intense, il fallait avoir un impact visuel. Je suis allé le voir, on a discuté et je lui ai expliqué que je recherchais d’abord le côté humain, qu’on allait se faire monter en puissance tous les deux et que s’il y avait des belles expériences à vivre, si jamais il y a des bookings aux Pays-Bas, que je puisse l’avoir avec moi, il faut d’abord que cela se passe bien entre nous. Au final Monsieur est déjà très bon, le feeling passe super bien, on se voit au minimum une fois par semaine, nos idées fusionnent : si j’ai l’idée, il rebondit direct, si c’est lui qui a l’idée ça m’inspire directement, on commence à se trouver de plus en plus. Le côté sérieux pour la musique et le côté un peu fun pour faire ce que les autres ne font pas. Le but c’est de se régaler, les gens apprécient et nous on kiffe ensemble.

Le fait de retirer le masque t’a-t-il permis de mieux communiquer avec le public et de laisser transparaitre plus d’énergie ?

Je l’ai vraiment mis que 15 minutes, je n’ai jamais réellement joué avec. Je m’étais fait faire un masque sur mesure, un peu à la Wars Industry ou NSD mais à ma sauce. Au final, le ressenti des gens c’était que cela enlève quelque chose, me rende moins expressif. Monter sur scène ne m’a pas forcément gêné, je trouvais moins intéressant de mettre ma tête sur les réseaux sociaux, sur scène j’ai pas forcément cette gêne.

Tu fais partie des Karnage Soldiers, quand et comment cette aventure a t-elle commencé ? Comment Karnage t’accompagne et te soutient dans ton ascension d’artiste-compositeur ?

Le COVID est passé par là mais cela fait à peu près 3-4 ans que tout a commencé, je connaissais beaucoup de bénévoles qui ont poussé pour que je rencontre Céline (ndlr : la gérante de Karnage) et que je rentre dans Karnage car ils pensaient que je méritais d’y entrer. Cela a pris un peu de temps mais on a organisé une réunion afin de connaître ses attentes. Je n’attendais pas grand chose de Karnage car ce sont ceux qui m’ont fait commencer les soirées en tant que public et pouvoir bosser avec eux était gratifiant. J’ai commencé en tant que bénévole et si cela se passait bien, pourquoi pas évoluer en Karnage Soldier. Au bout de 6 mois j’ai joué 1h30 après Sefa, pour le Grand Opening de Karnage (2019, ndlr). Cela m’a permis d’avoir un côté extrêmement professionnel aux yeux de tout le monde, car Céline est devenue mon agent. On organise quand même des soirées au Bikini. Pour les gens, autre que le public hardcore, le Bikini est forcément connu donc tout travail y est bonifié. À l’heure actuelle, elle m’apporte beaucoup de conseils, elle gère mes contrats, mes billets d’avion, et répond surtout à n’importe quelle question que je peux avoir. Elle ne me met pas de barrière et est toujours là pour me guider, pour mon bien et pour ce qui est de meilleur pour moi.

Pilier de l’Industriel Hardcore et figure emblématique de Karnage, tu as créé un lien avec The Clamps. Tu as composé de nombreux titres et notamment, toutes deux parues sur le label d’Hyrule War, « Smashing Tv » et « Believe In Yourself« . Nous savons qu’il a eu un rôle important dans ton apprentissage de la composition, peux-tu nous expliquer en quoi une collaboration entre un artiste expérimenté et un artiste en devenir a-t-elle été enrichissant pour toi ?

Pouvoir bosser avec The Clamps niveau composition, c’est lui qui m’a motivé à le faire pour essayer de passer un cap. Il y avait un dilemme, entre rester comme je faisais ou devenir plus professionnel pour aller chercher d’autres objectifs et me mettre à la composition. Au final, ça m’a clairement chauffé car ce sont les objectifs qui m’intéressent. J’ai passé beaucoup de temps à le regarder, lui et Opsen (ndlr : avec qui The Clamps forme le group Burr Oak), composer tous les deux et voir à quel point ils étaient fusionnels, ce que j’ai beaucoup apprécié. J’avais peur de rester enfermé 8 heures dans un studio tout seul mais voir qu’en quelques sonorités, l’autre comprend ce qui est recherché et de mettre un son sur la table, j’ai trouvé ça trop beau. De là, j’ai acheté mon Mac depuis leur studio. J’ai commencé à composer, j’ai galéré, j’ai posé beaucoup de questions et j’ai regardé sur internet pour aller chercher les informations. C’était pas facile, il était à ma disposition pour me faire gagner du temps, mais sur d’autres choses il voulait que j’aille chercher de moi-même. Désormais, cela fait 1 an et demi 2 ans que je compose et mine de rien j’ai sorti un paquet de tracks et créé un paquet de tracks qui ne sont pas sorties et qui sortiront peut être jamais. Mais en attendant, quand je joue une heure, je joue uniquement mes sons et ça c’est trop cool.

A l’époque tu mixais Frenchcore/Uptempo, tu as ensuite composé de l’Industriel Hardcore avec The Clamps et tu es désormais orienté Uptempo. Comment vois-tu ton parcours à travers les différents genres de musique que tu expérimentes ?

J’ai commencé avec le Frenchcore donc c’était important pour moi, ce côté mélodieux du style, et les kicks y sont intéressants. L’Industriel Hardcore, forcément quand tu collabores avec The Clamps, les styles se mélangent et c’était quand même intéressant à faire. Je ne me considère pas forcément dans l’Uptempo. Je sais que mon style s’y apparente mais si tu regardes, à l’heure actuelle, pourquoi j’ai pas signé dans d’autres labels ? C’est que j’ai un style à part entière, propre à moi-même et je mélange tout, je ne rentre pas forcément dans des cases. Je peux passer d’une track à 220 BPMs et réduire à 160 BPMs sur celle d’après. Pour en revenir au début, c’est cela que je trouve intéressant dans la musique électronique : tu n’as aucune règle, tu peux faire ce que tu veux à partir du moment où c’est bien fait et que tu prends du plaisir. J’ai toujours fait ce qui me faisait kiffer et ça n’a pas raté.

Ta façon de composer est désormais reconnaissable, est-il important pour toi de se démarquer des autres et comment as-tu atteint cette originalité ?

Je n’essaye pas de faire ça pour me démarquer, j’essaye surtout de faire ce que j’aime. Quand je compose, je pars dans un délire, je pousse le truc, ça me plaît ou pas, je le retravaille mais j’essaye pas forcément, de base, de me démarquer des autres. Après, dans la façon de construire des kicks j’essaye de faire quelque chose qui n’a jamais été entendu, c’est normal, mais je ne me base pas forcément sur les autres non plus. J’adapte à ma façon.

Tu nous a prouvé tes qualités de compositeur. Pour autant, tu fais le choix de produire non seulement des compositions originales mais également des remixes de tracks plus connues. Est-ce un plaisir personnel ou un désir de toucher un public plus Mainstream ?

C’est un plaisir personnel car quand je reprends des sonorités de Hardstyle, qu’on entend pas forcément dans l’Uptempo et en allant chercher ça, cela me permet de casser les BPMs, à 160 par exemple, en le remettant à ma sauce pour le mixer en Uptempo ou en Frenchcore. Ça donne un mélange que tu n’as pas forcément entendu. Cette variante là me fait kiffer, tu danses sur du Hardstyle, tu as un bon kick qui rebondit et derrière tu as la violence qui pète. Si tu as une full violence tout le temps, je trouve ça trop linéaire mais si il y a des variations, je trouve ça plus jouissif. Mais ça peut ne pas plaire aux gens.

Du coup tes inspirations pour composer sont hyper large ?

Oui, je me base beaucoup sur le Raw, tout ce qui est du label Gearbox Digital ou encore Bloodlust avec qui j’ai pris l’avion dernièrement pour aller à Bruxelles. J’aime beaucoup l’album de Rebelion également. En dehors, j’apprécie aussi le Dubstep, et j’aime beaucoup Rezz, Malaa, DJ Snake, tous ces gros DJs.

Dans tous les cas, ta musique « Banger Mashup » a rencontré un succès fou après avoir été jouée par Partyraiser, Bulletproof et Lady Dammage à la dernière Snakepit. Quelle a été ta réaction ?

Je l’ai appris en me réveillant, le dimanche, j’ai reçu plein de messages de Hollandais via WhatsApp et Instagram, de gens qui me suivent. J’étais hyper content, j’ai demandé des vidéos, et plus je regardais, plus j’en voyais passer à croire que c’était la track référence de la Snakepit. Tout le monde l’a demandé et du coup en 1 mois j’ai fait 10 000 écoutes et actuellement on est à 83 000. C’est une grosse fierté. Partyraiser était tombé dessus sur Facebook. Je lui envoyais régulièrement des sons par mail et il m’a demandé de lui envoyer le son avec mon pote (ndlr : Yannick, des PigMinds), je ne comprenais pas sa demande. Mais c’est bien « Banger Mashup » qu’il voulait, je lui ai envoyé mais il ne m’a jamais dit qu’il allait la jouer. Ça confirme que le son est bien, ça me donne confiance en moi car je n’ai pas pu tester tous mes sons à cause du COVID. Moralement, ça fait du bien, ça booste et ça donne envie d’aller chercher encore plus.

Tout cela t’a conduit à réaliser ta première date à l’étranger le 28 mai dernier, en Allemagne.
Comment as-tu vécu cette expérience ?

C’était grave cool, du début à la fin, je me disais que j’avais trop de chance de pouvoir y aller. C’était mon objectif. Il y a deux ans mon objectif était de jouer au Bikini, ce que j’ai réussi à faire. Par la suite il fallait aller chercher l’étranger, c’est fait. Maintenant l’objectif c’est d’aller chercher les gros festivals. J’ai été super bien accueilli, j’ai bien mangé et la bière, ce n’est pas une légende, est super bonne. Les 15 premières minutes de mon set je me suis dis 3-4 fois « Je suis en train de mixer en Allemagne ». Je marche beaucoup avec les petits objectifs et la fierté, comme la fois où Radium a regardé tout mon set au Rex car c’est un artiste que j’écoute depuis mes 18 ans. Les Allemands sont chauds, ils dansent mieux le hakken que les Français et ils tous super grands, hommes comme femmes. Le public français est chaud aussi mais c’est agréable de les voir danser du hakken sur mes tracks.

Quelles sont les destinations de rêve et notamment le festival emblématique auquel tu aimerais participer comme DJ ?

Le premier festival où j’aimerais bien jouer c’est le Decibel et je compte y retourner en festivalier. Sinon, Thunderdome car c’est emblématique.

Quels sont tes projets à venir ?

Je bosse à fond sur des grosses collaborations, j’ai bien bossé sur les free download et je pense pouvoir aller chercher quelques bons labels, pour qui ça va dans les deux sens, comme Masters Of Hardcore ou Gearbox Digital qui offre une grosse communication en plus de relayer la track. Peut-être sortir un album aussi, j’ai assez de tracks pour le faire.

Merci d’avoir répondu à nos questions. As-tu une dernier message à faire passer ?

Dans le futur il y aura plein de belles choses qui vont arriver, je bosse beaucoup pour donner plein de chose sur scène. J’espère pouvoir jouer devant de plus en plus de gens car j’ai beaucoup de choses à montrer.

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