El Desperado – @arthur_ranzy_

Lors de sa venue au Warehouse Nantes courant mars (reportage à lire ICI), nous avons posé quelques questions à El Desperado ! De sa transition musicale à l’émergence de certains styles électro, en passant par son envie de s’amuser avant tout et bien-sûr sa passion pour la Hard-Music… Retrouvez l’intégralité de ses propos ci-dessous :

Salut ! Est-ce que tu peux te présenter à ceux qui ne te connaissent pas encore ?

Salut ! Je suis El Desperado, je suis artiste dans la hard-music dans un style particulier que j’ai appelé la hardreverse. C’est un mélange de reverse bass sur des influences assez hard-dance avec tout type de hardmusic, notamment l’Uptempo et les Zaagkicks par exemple, tant que c’est violent (rires).

C’est la question de base du site : Quelle est ta définition de la musique électronique ?

Pour moi, la musique électronique, c’est quelque chose qui n’est pas acoustique. C’est-à-dire qu’on va la créer à partir de synthétiseurs, d’ordinateurs, ça n’a rien d’orchestral. Il n’y a pas d’instruments à proprement parler, tout est plus ou moins assisté par des machines, on n’y trouve pas de musique “pure” dedans à part du piano par exemple.

On a évidemment vu que tu es orienté Hard Music, plus spécialement un style que tu appelles la “Hard Reverse”. Est-ce que tu avais besoin de cette “réorientation” pour t’épanouir artistiquement, ou est ce que c’était plutôt une manière de se démarquer des autres DJs et producteurs ?

Non, du tout, c’était vraiment par choix de carrière. Parce que comme j’ai assez souvent dit, je m’étais un peu perdu dans la tekno, et moi, ce n’est pas ce que je préférais écouter ni faire à la base. Mais on m’a beaucoup mis dans ce genre-là, avec mes anciennes tracks qui ont quasiment toutes fonctionné sur toutes les plateformes. Du coup, je n’étais pas heureux en faisant de la tekno. En plus, j’ai toujours vraiment adoré la hard music de manière générale, j’en écoute depuis très longtemps. Et à un moment donné, il y a eu le déclic qui m’a fait me dire « j’en ai marre et je vais faire ce que j’aime, peu importe ce que les gens vont penser ». Même si ça m’a un peu impacté au début, notamment certaines réflexions de la part de mon ancienne communauté, j’ai été accueilli par le monde de la hard-music, vraiment à bras ouverts, en mode « si eux, ils ne veulent plus de toi, viens, nous on t’accueille, il n’y a pas de problème ».

Quand tu faisais des sets tekno, tu finissais par de la hard-music. Est-ce que cette transition vers le hard est finalement la suite logique ?

Oui je finissais tout le temps mes sets comme ça ! En fait, il y a beaucoup de gens qui ont été assez surpris quand j’ai annoncé le changement, alors que les gens qui venaient me voir en live savaient très bien que ça allait finir “débile”, quoi qu’il en soit. Je faisais des sets tekno qui pouvaient finir en uptempo sans forcer !

En parlant de cette évolution, est ce qu’il y a des artistes qui t’ont particulièrement influencés vers cette transition ?

D’une certaine façon oui, en grande partie les artistes français de hard-music comme Le Bask, Soulblast etc… Et de manière plus générale, surtout Dimitri K et aussi Deadly Guns en uptempo. Ce sont des artistes qui m’ont inspiré mais je ne cherche pas à avoir des similitudes, parce que j’essaye quand même d’avoir ma patte. Mais oui, ça reste de grosses influences pour moi, même Dr. Peacock pour les mélodies quand j’en fais (rires).

Ton avant dernière sortie “Good Enough” est en collaboration avec Hardwaxx, tandis que “DYLB” était avec R3TRIX ! Selon toi, une production est-elle meilleure lorsqu’elle est partagée ?

Je pense que ça va plutôt dépendre du feeling que tu as avec la personne avec qui tu vas produire. Parce que si tu fais une collaboration juste pour collaborer, ça ne sert à rien. On va ressentir que la track n’a pas de vie. Je pense que quand les deux sont vraiment investis dans la collaboration, on sent qu’il y a un mélange ou un « délire » qui se fait. Par exemple, je sais que je suis très ouvert aux collaborations, mais je ne peux pas collaborer avec tout le monde non plus. Il faut vraiment que j’ai un feeling avec la personne de base pour pouvoir faire une collaboration.

Concernant tes sets, on voit que tu explores le Rawtempo, l’Uptempo et les limites de la hardreverse. Est-ce une manière pour toi d’explorer différents styles et de mêler tout ça à tes productions personnelles ?

En vrai, quand je pars dans les extrêmes, c’est surtout un défouloir parce que ça me fait marrer. Je pars du principe qu’on n’est pas là que pour danser, on est aussi là pour s’amuser et rigoler. Du coup, si les gens arrivent à danser et à se marrer en même temps, c’est toujours bien (rires) ! C’est pour ça que je pars tout le temps dans les extrêmes.

Tu ne comptes pas forcément évoluer vers ces styles-là ?

Non, ce sera toujours des mélanges très hybrides de hard-music de manière générale. Mais ça partira toujours en vrille à la fin des sets !

Est-ce que le fait que tu sortes que des singles depuis 2020 est une stratégie marketing par rapport à l’algorithme des plateformes d’écoute ?

Non, point (rires). Je pourrais sortir des EPs parce que je produis vraiment beaucoup, mais je fais une sélection des tracks que je préfère et qui me plaisent vraiment, car dans ce cas je sais que ça va plaire à pas mal de gens. En fait, des fois, j’ai l’impression de faire des tracks pour faire des tracks. Et dans ces moments-là, je me dis que même si la track est bien, je ne vais pas la sortir parce que moi, je ne vais pas m’amuser à la jouer sur scène. Et je favorise le fait de kiffer aussi ce que je vais jouer sur scène.

Ton plus gros succès à ce jour est “EUROPA TOUR” en collaboration avec HIDUP ! Quelle relation entretiens-tu avec lui, et comment a-t-elle évolué depuis ce banger ?

HIDUP pour moi, c’est tout simplement mon meilleur ami, mon frère d’une autre mère. On a toujours ce délire quand on produit, pas de faire n’importe quoi, mais d’un peu exprimer ce qui se passe dans notre relation amicale et ça part toujours loin.

Comme le son pour Noël ?

Ouais, par exemple, avec « Feliz Navizaag », ou même « Southern Cowboy », « Bonjour » et « Bonsoir ». Toutes ces conneries là (rires), on sent qu’il y a une vibe qui est juste là pour rigoler et c’est ce qu’on veut retranscrire. En tout cas, on ne veut pas que les gens prennent trop le duo au sérieux non plus, parce que ce n’est pas du tout le cas.

Par rapport à Ice Truck, Milord, Uptempo Nation Army et Hot Stuff que tu viens de sortir aujourd’hui, une de tes marques de fabrique aujourd’hui est de mixer des musiques dansantes avec des gros kicks de hard-music. Est ce que tu penses que ça te permet de capter un public plus large ?

Si c’est le cas, moi, ce n’est pas mon but. Comme je dis, je fais vraiment de la musique parce que j’ai envie qu’on en rigole. Je trouve le côté absurde de reprendre des vieilles musiques et de les mettre dans un style très marginal vraiment très drôle. Évidemment ça m’amuse et je prends plus de plaisir à produire ça qu’autre chose (rires) et c’est pour ça qu’il y a souvent des édits. Il y a aussi quelques fois des tracks originales, mais faire des édits des anciennes musiques, même si on est pas mal à le faire, j’aime bien le faire avec ma touche de folie.

Avec la track « Over All » on ressent vraiment une sorte d’émotion assez particulière en écoutant. Quelle émotion ou message souhaites-tu faire passer tout particulièrement ?

Dans certaines tracks, oui, totalement. Certaines tracks sont là uniquement pour exprimer un peu comment je me sens sur le moment, dont « Overall » , par exemple. Overall était là pour vraiment briser l’ancien “Despe” et passer au nouveau. Donc, rester dans un truc un peu mélancolique tout en étant un petit peu joyeux quand même. Et surtout, je voulais que les gens comprennent que c’était pour eux aussi que j’avais fait cette track. Pour résumer, « Overall » marque clairement ma transition vers la hard-music.

Cette année tu seras au Millésime Festival en Juin et à l’Eskape Festival en Août. Si je ne me trompe pas, tu as pour but de jouer au Defqon.1 un jour, est-ce que tu peux nous en dire plus sur ce que ce festival représente pour toi en tant que passionné de Hard Music ?

Pour le coup, je n’ai jamais eu l’occasion de pouvoir y participer même en tant que festivalier. Le hasard fait que je ne peux pas m’y retrouver à chaque fois. Je pense que pour tous les artistes Hard Music de la scène actuelle, c’est un accomplissement de se retrouver sur ce festival. En plus, vu que j’estime avoir plus ou moins déjà accompli tous mes objectifs en termes d’artiste, il me manquerait juste ça. Et là, je me dirai que j’ai vraiment atteint ce que je voulais. J’ai la chance d’avoir une communauté qui me pousse à fond. Du coup, je sais qu’ils m’emmèneront là-bas. Quand ?, je ne sais pas, mais je sais qu’ils vont m’y emmener (sourire) !

A plus moyen terme, y a-t-il d’autres évents qui t’attirent tout particulièrement que ce soit en France ou à l’étranger ?

Au même stade que Defqon.1 il y a le Masters of Hardcore et le Thunderdome, je pense que c’est un rêve pour tout le monde de pouvoir jouer là-bas. Mais petite préférence pour le Thunderdome, parce que j’ai une partie de moi qui est très très fan de Hardcore, Early, Happy Hardcore.

Justement tu as une track, « Extreme », qui est un peu plus tournée vers cet univers-là. On a aussi entendu dans « Hot Stuff » des petites références à toute cette culture musicale et à l’esprit Thunderdome c’est bien ça ?

Dans ces deux tracks, oui, totalement. J’aime bien placer de temps en temps des sonorités de Early Hardcore et Happy Hardcore. Je pense que c’est quelque chose que les gens apprécient beaucoup. De toute façon, comme je l’ai dit, c’est vraiment la blague avant tout.

On a vu que tu auras l’occasion de faire un VS avec Le Bask à l’Illusion Festival de Grenoble. Partager la scène avec une telle légende de la hard-music te met-il la pression ou est-ce plutôt un accomplissement dans ta carrière ?

C’est totalement un accomplissement parce que j’ai, comme beaucoup de gens je pense, commencé à écouter du Frenchcore grâce à lui. Aujourd’hui, avec Le Bask, on a une sorte de relation amicale très proche depuis qu’il m’a repéré et pris dans son agence à l’époque. Il a une grosse confiance en mon projet et je trouve ça très gratifiant de se dire que la personne qui t’a plus ou moins inspiré te considère vraiment. Je pense que tout le monde n’est à même de VS avec lui donc, oui, c’est vraiment un accomplissement.

As-tu l’intention de collaborer ainsi, à l’avenir, avec d’autres artistes de la scène hard ?

Ceux avec qui je veux collaborer, c’est déjà en cours. Des choses qui sortiront cette année ou l’année prochaine, je ne peux pas encore en parler (rires) ! En VS sur scène, je prends tout le monde, ceux qui veulent (rires). Plus sérieusement, c’est compliqué, il y en a beaucoup que j’adore. Dimitri K, ça serait dingue. Même si je pense que d’un point de vue technique, nos deux styles ne se mélangeraient pas spécialement bien. Mais peut-être qu’à l’avenir, quand je serais vraiment basé dans le milieu, il y aura moyen !

Aujourd’hui, avec l’explosion de la hard techno, des soirées techno et avec l’émergence de beaucoup de DJs très actifs sur tik tok… Est-ce que tu penses que ça a une influence sur le public, les soirées ou la manière pour les gens d’apprécier les nouvelles releases ?

Moi, je fais partie des gens qui pensent et qui constatent aussi qu’être artiste, de nos jours, c’est plus une image qu’autre chose. Il y a des gens qui ont un niveau de production pas abouti, mais qui ont une grosse notoriété en termes d’image. Et du coup, ce que je peux constater, c’est que beaucoup de gens dans le style de la hard-techno préfèrent voir l’image et voir un artiste en particulier, sans spécialement se demander si cette personne a vraiment sorti des tracks ou si elle sait produire. Je n’ai rien contre la hard-techno. C’est un style qui fait danser les gens, donc c’est bien mais il ne faut pas dire que c’est de la Hard Music.

Quelle est ta track du moment pour terminer un set ?

Moi, c’est « Overboosted » de MBK, remixé par Raw_SuprazZ à 300 BPM. C’est une grosse connerie cette track, mais je trouve que c’est vraiment une bonne track pour finir un set (rires).

Quels sont tes projets à venir ?

Il y a beaucoup de choses que je ne peux évidemment pas dire mais plein de choses arrivent. En 2026, il y aura un EP. J’ai déjà le thème, la ligne directrice et les collabs dessus donc maintenant, il n’y a plus qu’à bosser dessus… Et il y aura sûrement un vinyle !

Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions ! As-tu un dernier message à faire passer ?

Les jeunes artistes, ou ceux qui débutent, sachez que tout vient à point à qui sait attendre, ne lâchez rien. Forcez sur les plateformes de streaming pour poster vos tracks. Comme je dis toujours, il suffit d’une seule track pour que vous puissiez vraiment profiter de ce métier.

El Desperado – @dxzpictures

Préparation : Théo, Valso & Cass / Réalisation : Théo / Retranscription : Théo

By Theo

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