À l’occasion du dernier Sunday Time du Bikini (notre report’ est à retrouver ICI !), nous avons posé quelques questions à la tête d’affiche de l’événement : Joachim Pastor. De sa volonté de produire ce qu’il aime à sa vision des lives, en passant par la BO du documentaire mettant en avant Sébastien Ogier… Découvrez l’intégralité de ses propos ci-dessous :
Salut Joachim ! Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Bonjour, je m’appelle Joachim Pastor. Je fais de la musique depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours baigné dedans. Je fais de la musique électronique depuis environ 20 ans : un mix entre de la techno et de la mélodie, qu’on appelle naturellement de la techno mélodique ! Et je tourne sur scène depuis environ 10 ans.
C’est la question de base du site… Quelle est ta définition de la musique électronique ?
Je dirais de la musique qui est faite avec des instruments électroniques. Je pense d’ailleurs que c’est pour cela que cela s’appelle comme ça. Avant, tu avais des instruments dits classiques, on va dire plus organiques. Et la musique électronique, c’est de la musique de synthèse, voilà. C’est un raccourci !
Toutes les fois où on t’a vu jouer, tu avais un énorme smile derrière tes machines. Question bête mais… Produis-tu et joues-tu la musique que tu souhaitais entendre, tout simplement ?
Ce n’est pas une question bête. Quand j’avais 14-15 ans, quand j’avais moins d’humilité que maintenant… Je disais que j’avais une idée d’une musique que j’avais envie d’entendre, car il n’y avait pas internet à l’époque. J’avais moins de culture musicale, du moins je n’avais pas une très grande culture en termes de musique électronique. Je me suis donc mis à faire une musique que je voulais entendre. Aujourd’hui, je n’aurais plus cette audace, mais quand tu es jeune, tu n’as pas l’expérience, tu n’as pas la qualité, mais tu as les idées. Tu as trop d’idées, c’est un peu n’importe quoi. Mais quand tu vieillis, tu as moins d’idées mais tu as de la qualité. C’est là, le bon moment. Si ça se trouve, c’est déjà trop tard pour moi (rires).
En septembre dernier, tu as produit la bande-son de “The Final Season”, un documentaire mettant en avant notre champion WRC Sébastien Ogier. C’est la première fois que tu te lançais dans la création d’une BO de film. Qu’est-ce qui a différé par rapport à ton processus créatif habituel ?
Ce qui diffère, c’est que je me concentre avec moins d’instruments autour de moi, c’est très homogène. Il y a toujours à peu près les mêmes synthés qui reviennent, la même vibe, les mêmes beats. Des tracks, j’en ai fait 30 quand même. Dans la BO, il y en a 14 je crois, environ. Je suis hyper fier de cette BO, j’aime cette homogénéité. C’est homogène parce que je l’ai fait en un coup. Je me suis limité à ne pas utiliser trop d’instruments. Et c’est pour cela que là, j’ai fait dix nouveaux singles, qui feront certainement un album. Les dix tracks, je les ai faits en 6 semaines. Tous les jours, je faisais un track et je le finissais pour garder cette homogénéité qu’il n’y avait pas dans le dernier album, où c’était une espèce de patchwork. Il y avait des tracks qui dataient de six ans, d’autres plus récents. C’était différent de ce que je viens de faire. J’en ai joué quatre ce soir, il y a de la mélodie, mais il y a une vibe plus techno, plus dark, mais avec la mélodie “pastorale”, si on peut appeler ça comme ça. Mais le beat est plus techno, beaucoup plus brut et je trouve que ça marche bien. Je me suis quand même donné la liberté de garder ma touche habituelle, mais je trouve cela plus homogène. Et donc j’ai appris ça de cette BO, cela m’a fait grandir là-dessus. C’est plus de la philosophie, mais je trouve que c’est très bien d’avoir fait ça. C’est beaucoup de taff, mais je suis content de l’avoir fait.
Ces derniers temps, on te voit apparaître dans beaucoup de collaborations ou de remixes. La musique est-elle meilleure quand elle est partagée ?
Ouais, si c’est un bon remix ! Parce que des fois, tu fais un remix et c’est nul… Cela arrive. Mais le désavantage du remix, c’est que tu es obligé de le sortir. Des fois, tu fais un track et ce n’est pas de qualité et tu ne le sors pas. Mais quand tu fais un remix, tu le fais pour quelqu’un et c’est presque sûr qu’il sorte. C’est pour ça que les remixes, j’ai parfois du mal, car je me mets la pression à mort, je sais que cela va sortir et il faut que cela soit bien. Et c’est souvent là que je fais quelque chose de nul. Donc il n’y a pas beaucoup de remixes où je suis fier de moi. Le remix que j’ai fait pour Joris Delacroix, j’étais hyper content de moi. Après les collaborations, c’est bien, car cela t’apporte une autre vibe, surtout quand tu es en manque d’inspiration. Tu as un mec qui vient et qui t’apporte de nouvelles mélodies que tu n’as pas faites toi-même. Tu as une espèce de fraîcheur, donc cela peut être très cool. C’est un peu à double tranchant, c’est la roulette russe (rires).
Comment expliques-tu que tes classiques “Millenium” et “Reykjavik” soient toujours aussi bien accueillis, des années après ?
Parce que quand je les ai faits, ce n’était pas à la mode. J’essaie de pas faire de musique “à la mode”, justement. J’essaie juste de faire de la musique qui me plaît et que ce soit de qualité. À partir du moment où ce n’était pas à la mode, même si c’est sorti il y a presque 8 ans, les gens l’écoutent maintenant et c’est cool. Alors que si à l’époque, j’avais voulu faire quelque chose dans la vibe actuelle. Tu vas te dire que c’est “has been” si tu l’écoutes aujourd’hui (rires).
Tu as qualifié “Millenium” d’indispensable pour toi. Pourquoi est-il si important à tes yeux ?
Parce que j’adore ce track, la mélodie est pure, c’est intemporel, ça marche. Après, on a tendance à aimer les morceaux qui marchent. Des fois, tu fais un titre qui marche, que tu adores, mais il fait un énorme bide. Et là… Tu commences à ne plus le jouer, limite lui en vouloir. Et des fois, tu fais un son que tu ne considères pas tant que ça, mais il marche et tu commences à plus l’aimer. Il y a des gens, ils font un hit, vingt ans plus tard, ils le jouent encore, ils en ont marre. Après, il ne faut pas cracher dans la soupe. Tu fais quelque chose qui marche, sois content parce que cela t’apporte quelque chose. Il y a des producteurs qui font des tracks et ça ne marche pas, donc il faut être reconnaissant.
Selon toi, un artiste sans track “phares”, comme celles-ci, peut-il jouer dans le monde entier ?
Oui, il y a plein d’artistes qui ne produisent même pas leur musique, qui jouent partout. Il y a des artistes qui ont un million de followers sur Instagram, ils tapent des scènes partout et prennent 200k de cachet tous les weekends. Et tu vas sur Spotify et il y a 200 000 auditeurs. Et à l’inverse, tu as des artistes qui ont 1 million d’auditeurs mensuels sur Spotify, mais seulement 5000 followers sur Instagram. Donc cela te dit tout. Il y a le côté musique et le côté marketing, réseaux sociaux. Ce sont deux choses bien différentes, et c’est assez marrant, car pour moi, ils ne sont pas du tout corrélés. On fait de la musique, pas du community management. Mais bon, c’est ça qui fait vendre des tickets…
Joris Delacroix nous affirmait ne pas vouloir faire durer son live à plus de 2h (interview ICI), par peur d’une lassitude du public. Ton compère NTO, quant à lui, disait pouvoir pousser à condition de varier et de se renouveler (interview ICI). Quel est ton avis sur le sujet ?
Ça dépend… Mais c’est vrai que 2h, c’est déjà bien ! On peut toujours pousser en jouant d’autres tracks, des classiques, mais ça commence à être un peu long. Quand tu es DJ, tu peux changer de styles. C’est ce que je fais car j’ai des tracks un peu plus techno. J’ai deux vibes, une plus mélodique et une plus techno. Mais dans la même vibe, ça peut être un peu long. Sauf si tu es un méga fan ! Pour moi, le mieux c’est 1h30. Même des fois 1h15, c’est court mais intense ! Tu arrives, tu casses la scène sur les gros festivals. Il n’y a pas de temps mort, tu envoies que du lourd et ça en met plein les yeux au public.
Aujourd’hui, tu as joué dans une configuration un peu différente, car la scène était située au milieu de la salle. Se sentir poussé par son public change t-il ta façon de jouer derrière tes machines ?
Oui et non. J’ai l’habitude car il y a plein de scènes où je joue qui sont comme ça. C’est vrai que quand les gens sont très chauds, forcément ça te pousse. Mais, même quand je fais mon live seul chez moi, j’essaie d’avoir l’énergie car c’est vraiment la musique qui me porte. Ça ne se voit pas dans mon live, mais je chante toutes les mélodies. Ça m’est arrivé de me filmer afin de faire une story en même temps, et de me voir chanter en direct sans m’en rendre compte. Les gens se moquaient gentiment car ils m’entendaient chanter faux ! Alors que quand je l’ai postée, je ne me rendais même pas compte que je chantais (rires).
Quels sont tes projets à venir ?
Il y a une dizaine de singles qui sont prêts. Je suis en train de faire les masters, ils sont beaux, ça va être magnifique ! On lance également du merch’ pour la première fois, on va essayer de faire de belles fringues. Je me concentre sur la musique, mais dans les prochains mois, on se penchera aussi sur le merchandising et les réseaux sociaux. On va faire ça de manière sérieuse. Et je vais aussi faire du live, un rendez-vous régulier. Je pense que ce sera sur YouTube et TikTok. J’ai pensé également à Twitch car j’aime bien, mais c’est un autre public et je pars de zéro.
Merci d’avoir répondu à nos questions ! As-tu un dernier message à faire passer ?
Merci d’écouter ma musique, abonnez-vous à mon Instragram (rires) ! Si j’avais un message, sans vouloir être présomptueux… C’est bien d’écouter la musique sans suivre les tendances. Il ne faut pas être vulnérable : ce qui compte, c’est la musique.
Préparation, Réalisation & Retranscription : Valso & So / Montage : Valso