Interview : Funky Fool

© Funky Fool

Après un EP à succès sur le label de Lost Frequencies, Funky Fool connait une très belle ascension et pourrait très vite faire parler de lui dans les prochains mois. Cela fait 3 ans que Valliue le suit de très près et face à cette belle histoire, nous lui avons posé quelques questions. Retrouvez ces propos :

Salut Funky Fool ! Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Je m’appelle Funky Fool, j’ai 26 ans et je produis de la musique électronique depuis maintenant 8 ans. Je compose principalement de la House avec des touches plus commerciales grâce à des collaborations avec des chanteurs et chanteuses. Pour chaque morceau, j’essaie d’apporter une vision différente tout en préservant ma patte artistique.

C’est la question de base de notre site… Quelle est ta définition de la musique électronique ?

Par définition, la musique électronique, ce sont tous les morceaux qui ont été créés via un logiciel de production. Mais cela dégage quelque chose d’unique. Sur un track,  tu peux avoir des effets ou des instruments organiques mais au final, tout est bien maîtrisé et tout est bien calibré, tout en laissant une place à de nombreuses émotions.

Tu viens de sortir ton premier EP Continuum sur Found Frequencies, le label de Lost Frequencies. Quelle est l’histoire de ce projet ?

De base, je ne cherchais pas vraiment à faire un EP.  J’avais plusieurs autres idées en tête, comme sortir une série de singles ou concevoir un album. Cependant, en parlant un peu avec ma team, un album était peut-être trop tôt et ça n’aurait pas eu l’impact que ça mérite.

J’étais dans une période durant laquelle j’ai produit énormément de morceaux et certains avaient une similarité dans les vibes, les sonorités etc. J’ai donc sélectionné ces morceaux pour en faire un seul projet musical. A côté de cela, on a travaillé sur les visuels, les clips, etc, afin d’apporter plus de cohérence.

Et voilà d’où est né l’EP, qui est à la fois mon tout premier EP mais également le tout premier EP du label, Found Frequencies.

Et en terme de processus créatif, comment ça s’est passé ?

Comme je l’ai dit, au début, l’idée de l’EP n’est pas du tout sur la table. En 2020, pendant le premier confinement, j’ai produit énormément de tracks, dont ceux de l’EP. Le premier à sortir était « Break My Heart » (en septembre 2020) et à partir de là, on a pris la décision de ne pas sortir le reste des titres par des releases séparés mais plutôt de les regrouper sous le format d’un EP. En tout, le projet contient 6 morceaux qu’on a sélectionné parmi 15 tracks au total.

Côté processus créatif, j’ai également voyagé en Allemagne et aux Pays-Bas pour des sessions studios. Le fait de voyager te permet de rencontrer de nouvelles personnes et donc de créer de nouvelles idées, que tu n’aurais peut-être pas eu en Belgique, dans ton studio. Par exemple, « Sad Summer » a été produit à Berlin et à Mannhein et c’est peut-être ce qui donne le côté original du track.

Sortir un tel projet en pleine période de confinement, n’était-ce pas un pari osé en sachant que tu ne pourrais pas le défendre en live ?

C’était un pari osé mais on a beaucoup travaillé sur les autres axes que le live, comme le digital, les clips etc. Pour cela, on collaboré avec une agence de presse et un designer belge par exemple. Mais le fait de ne pas pouvoir la jouer en live, c’est d’office un frein parce que les gens ne créent pas vraiment de souvenirs en clubs ou en festivals sur les morceaux. Cependant, l’EP a pas mal tourné en radio, je suis moi-même passer en radio pour le jouer.

Le fait de sortir un tel projet a tout de même été une étape importante car de nombreuses portes se sont ouvertes. Cet EP m’a permis de mieux définir et présenter mon style et donc de savoir vers quelle direction je dois avancer par la suite.

On peut dire que ça a été un peu les bases de quelque chose pour prolonger les bases d’une histoire qui peut devenir très belle...

Tout à fait car si je n’avais rien sorti, rien ne se serait passé !

D’ailleurs, tu fais désormais partie intégrante de l’écurie du label. Comment cette rencontre s’est produite ?

C’était tout à fait inattendu. En 2018, j’ai reçu un message de Lost Frequencies sur Instagram dans lequel il expliquait qu’il lançait son label et qu’il cherchait des artistes. A l’époque, j’avais du mal à trouver des chanteurs avec qui ça matchait musicalement. Je passais même par Facebook pour demander si quelqu’un ne connaissait pas un chanteur (rires).

J’ai tout de même envoyé mes démos à Lost Frequencies mais ce n’était pas encore assez abouti selon lui.

On est resté en contact pendant 2 ans jusqu’au jour où il a vraiment adhéré à mon style que j’avais bien entendu travaillé et fait évoluer. Et là, il m’a vraiment aidé dans la progression de mon projet en construisant une petite histoire entre lui et moi, qu’il me voit un peu comme son poulain. Et c’est comme ça que les radios me présentent et c’est plutôt cool.

De plus, il est vraiment impliqué dans son label. Il joue les morceaux dès qu’il peut afin de faire connaître ses artistes.

Est-ce que cela te met un peu la pression ? D’être présenté comme le petit protégé de Lost Frequencies ?

Non, je ne le vois pas comme une pression, mais plutôt comme le début de quelque chose. Je pense que sortir un morceau sur un label, quelqu’il soit, est toujours une étape en plus. Cependant, il ne faut pas oublier qu’il faut continuer à se prouver, à se renouveler pour le prochain morceau car un seul morceau ne fait pas une carrière. Il y a bien entendu des exceptions mais en général, ce n’est pas le cas. Il faut sans cesse travailler et construire son style, sa musique, son image etc.

Et pour cela, Lost Frequencies m’aide énormément mais aussi tous les artistes du label. Il a bien sûr son mot à dire sur les morceaux, mais il ne va jamais dénaturer la volonté artistique derrière en retirant des éléments ou faisant des gros changements. C’est plutôt des retouches sur des percussions ou une intro etc. Mais toujours avec cet objectif d’améliorer le morceau !

On est donc sur un véritable mentor, celui dont tu avais besoin ?

Peut-être (rires) ! Plus sériusement, mon manager et lui ont joué un très grand rôle afin de m’aider à me recadrer un peu et à ne pas partir dans tous les sens. J’adore produire donc je compose dans tous les styles. Le fait d’avoir une équipe qui t’aide à mieux te recentrer sur ton projet, c’est ultra bénéfique. Cela m’a permis d’avoir une ligne conductrice dans tout ce que je fais et ça s’entend en radio désormais.

C’est donc une belle histoire !

Le début d’une belle histoire ! (rires)

Quand on écoute ta discographie, on remarque que cette good vibe est toujours présente dans tes productions. D’où vient ce good feeling omniprésent ?

Cela reflète un peu mon état d’esprit, d’être toujours optimiste. Même dans les moments un peu moins bons, il faut toujours continuer, persévérer. Le fait d’avoir ce mindset, cela se ressent dans mes morceaux car j’ai envie que ma musique soit un moment de partage entre les gens. Si je vois un public danser sur mes tracks, ça me rend super content. Je recherche cet effet quand je produis et je n’aurais d’office pas le même effet avec des morceaux plus tristes.

Aura-t-on un jour un morceau plus nostalgique de la part de Funky Fool ?

 Oui, c’est possible. Peut-être qu’un jour, je sortirai quelque chose de plus émotionnel dans un format plus afin de montrer une autre facette de Funky Fool. Si je fais un morceau plus « sad », cela doit rentrer dans un contexte. Il doit pouvoir s’expliquer au sein d’un projet comme un EP ou un album qui raconte une histoire.

Henri PFR, Lost Frequencies, Kid Noize, les artistes belges électro ont le vent en poupe en ce moment. Est-ce que tu n’as pas trop la pression de suivre les traces de ces artistes ?

Chaque artiste à son propre parcours et son propre bagage qui l’amène sur le devant de la scène, il ne faut pas l’oublier. Concernant la pression, je ne l’ai pas par rapport à d’autres mais plutôt par rapport à moi-même. Je veux sans cesse faire mieux que la dernière fois, me dépasser, sans tenir compte des autres. Si tu te compares sans cesse aux autres, tu rentres rapidement dans un cercle vicieux car il y énormément de personnes avec qui tu peux te comparer. Certains sont plus avancés, d’autres moins… Et cela peut vite devenir néfaste.

Je préfère me challenger moi-même car il y a encore de nombreuses étapes à franchir, que ce soit en Belgique ou ailleurs et je préfère me concentrer là-dessus.

Comment expliques-tu cette émergence de la scène belge ?

Pour moi, la Belgique a cet avantage d’être enclavée entre des pays très influents musicalement parlant. En France, le Hip-Hop est roi alors qu’aux Pays-Bas, c’est l’électro qui règne. L’Allemagne est connue pour sa Techno et divers styles différents. De plus, le pays est divisé en deux avec deux cultures différentes influencées par les cultures voisines.

Cela crée donc un mélange unique, original et involontaire. Quand tu vois Angèle ou Stromae, ils fonctionnent partout et pas uniquement en Belgique grâce à ce melting-pot culturel dont ils sont issus. C’est une richesse car si tu vas aux Pays-Bas, tu sonnes différent mais en même temps proche de ce qui se fait là-bas.

De plus, si tu ne perces qu’en Belgique, c’est déjà très bien car c’est un pays avec énormément de festivals et de salles de concert. Il y a une vraie culture de la musique électro qui vit en Belgique !

C’est donc une force !

C’est clairement une force et les artistes belges devraient jouer sur ça ! Dans mon cas, je vois que ma musique plait aux Pays-Bas et en Allemagne car mon style correspond mieux à la culture. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai été en studio là-bas, afin de faire rencontrer mes idées avec celles issues de ces mouvements néerlandais et allemands.

D’ailleurs la prochaine étape, ce serait de faire des sessions studios en Suède car là aussi, la culture électro est riche et très intéressante pour mon projet.

Tu donnes également des cours de production via l’agenda GoodVibes. Transmettre ton savoir, c’est important pour toi ? Comment se déroulent ces leçons ?

C’est important mais je ne me sens pas encore assez loin pour avoir la prétention de donner des cours, des masterclass. Je peux donner des trucs et astuces qui vont aider l’apprentissage et c’est surtout cela que je mets en avant. J’explique aussi comment je compose mes morceaux et d’où est venue l’inspiration mais je me concentre plus sur l’aspect créatif que technique. Je pense que si un morceau a une bonne vibe, il peut fonctionner sans obligatoirement avoir toutes les connaissances techniques. Mais les deux sont aussi importants. Sans créativité, tu peux être le meilleur ingénieur du son, ce sera difficile de créer une belle mélodie par exemple.

Avec Valliue, on te suit depuis 3 ans déjà ! En quelques années, tu as connu une très belle ascension. Comment l’expliques-tu?

Avant tout, il y a beaucoup de remises en question. Je le fais parfois trop… Mais si tout le monde valide un morceau, je vais toujours me dire qu’il y a moyen de faire mieux. Je cherche à surenchérir sans cesse et cela m’a aidé dans mon développement durant ces 3 dernières années.

Cela m’a permis également d’évoluer musicalement et techniquement et j’ai hâte de savoir ce que l’avenir me réserve, en continuant avec ce mindset. J’essaie toujours de me projeter dans les 5 prochaines années et avancer vers cet « avenir ».

Tu as déclaré dans une interview avoir été un grand fan du morceau “Flûte” de New World Sound et Thomas Newson. Le titre a été une véritable bombe Big Room en 2013. Est-ce que cela signifie que tu étais un adepte de ce style de musique à l’époque ?

J’étais un grand fan de Big Room à l’époque. J’en jouais énormément en club, dont ce morceau « Flûte ». Je me faisais même taper sur les doigts par les patrons de clubs car je jouais trop fort (rires). J’ai adoré cette période dorée du style jusqu’au jour où cela a commencé à tourner en rond.

Est-ce que tu le joues encore aujourd’hui ? 

Peut-être un edit dans mon style… À voir (rires).

Quels sont tes projets à venir ?

Il y a de chouettes choses qui arrivent prochainement. Je viens de sortir un nouveau morceau « Piece of Me » avec Roundrobin. J’essaie donc de le défendre en radio et j’espère pouvoir le jouer en live bientôt… Mais on verra si les concerts et les festivals reprennent.

Merci d’avoir répondu à nos questions ! As-tu un dernier message à faire passer ?

La Belgique a un énorme potentiel et les artistes belges qui ont percé récemment… Ce n’est qu’est le début (rires) !

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