Interview : Nico de Andrea

Troisième et dernière interview réalisée à l’Electrobeach Music Festival. Nous avons eu l’honneur de rencontrer le talentueux Nico de Andrea ! De ses résidences aux coulisses de gros labels en passant par l’évolution de la musique électronique… Retrouvez ci-dessous ses propos :

Salut Nico, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Je m’appelle Nico de Andrea, de mon vrai nom Nicolas Mélières. J’ai 30 ans et je suis papa d’un petit garçon. Je suis DJ et producteur de musique depuis plus de 15 ans aujourd’hui. J’ai longtemps été résident de club dans le sud de la France avant de m’exporter d’abord à Paris puis aux États Unis pendant deux ans. Aujourd’hui, ma base est à Cannes. C’est d’ici que je produis de la musique la semaine et que je voyage tous les weekends.
Je suis avant tout connu pour ma casquette de DJ. Je fais près d’une centaine de dates par an. J’ai assuré les premières parties d’un grand nombre d’artistes comme David Guetta, Tiësto ou Axwell en passant par Pharrell ou Bruno Mars jusqu’à Carl Cox. Egalement les Masters at Work aux quatre coins du monde, du Pacha Ibiza au Ministry of Sound à Londres en passant par un tour en Asie cet hiver.
Aujourd’hui je conserve certaines résidences mensuelles comme au Bâoli à Cannes, au Jimmyz à Monaco ou Armani Club à Milan. Je suis également producteur d’événement avec ma soirée «Pop Heart» sur laquelle j’ai reçu par exemple Martin Solveig récemment. Je commence à beaucoup jouer à l’étranger grâce à mes productions et remixes sur des labels comme Spinnin Records, Armada, Protocol, Musical Freedom ou Ultra Music.

C’est la question de base du site… quelle est ta définition de la musique électronique ?

D’un point de vue artistique, la musique électronique est pour moi une extension naturelle de la pop music. Je suis fan d’artistes comme Sade, Stevie Wonder ou Cesaria Evora. J’ai découvert la musique électronique avec les Masters at Work, Dimitri From Paris ou les soirées Body & Soul. C’était la première fois que j’entendais des standards de soul, de disco, de funk, de gospel, de musique latine ou africaine revisités pour les clubs. Pour moi, ça a été une révolution de comprendre qu’on pouvait transmettre un héritage musical extraordinaire à la nouvelle génération.

Tu as fais du Djing pendant de nombreuses années, qu’est-ce qui t’a poussé à produire tes sons ?

La production vient naturellement chez les DJs qui jouent tous les weekends comme moi. On se rend assez vite compte qu’il y a des morceaux qui nous manquent dans nos sets, pour une intro, pour lier des blocs de morceaux ensemble, pour finir le set ou pour simplement être original et avoir son identité. On commence à faire des edits, des mash ups, des bootlegs et on arrive facilement à ses propres compositions.

Comment décrirais-tu ta musique et que souhaites-tu transmettre avec ?

Ma musique c’est juste un melting pot de mes influences. Je produis sans contrainte de styles ou de BPM. J’ai juste envie qu’il y ait une proposition artistique à chaque morceau. J’ai longtemps voulu copier les morceaux qui fonctionnaient, j’ai changé de direction. Désormais, je fais surtout la musique qui me plait, peu importe le potentiel. Donc je m’amuse, je passe de musique africaine à des morceaux de disco, de morceaux clubs à des balades mélancoliques. L’intention c’est le métissage et ça se ressent également dans mes DJ sets.

Alors que tes musiques sont globalement joyeuses, “The Shape” que tu as sorti sur Spinnin est très mélancolique, et encore plus avec la version acoustique ! Peux-tu nous parler un peu de ce morceau ?

“The Shape of My Heart” de Sting est un de mes morceaux préférés. J’ai simplement voulu faire un edit pour pouvoir le jouer en club. Quand je me suis rendu compte que le morceau plaisait, j’ai voulu le sortir sous un pseudonyme jusqu’à ce que je me décide avec Spinnin à assumer le morceau et à le défendre moi-même. Je suis très content du résultat (sourire).

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que tu bosses avec le célèbre label néerlandais. Peux-tu un peu nous raconter les coulisses de votre collaboration ? Comment cela se passe ?

J’ai été repéré par Spinnin via Facebook. Ils avaient entendu certains morceaux à moi dans des radio shows. Dans mon cas il y a une grosse part de chance et de timing. La scène Dance était en mutation, la progressive et le son Big Room était en perte de vitesse. Le label était à la recherche de genres nouveaux, de formats plus écoutables pour les plateformes de streaming. J’arrivais avec les bons morceaux au bon moment. Le seul conseil que je peux donner, c’est de ne surtout pas copier le style du moment. Le temps que le morceau sorte, on sera déjà passé à autre chose. Et surtout d’essayer de faire des morceaux intemporels qui vont bien vieillir et que les DJs prendront du plaisir à jouer encore dans 10 ans. N’hésitez pas à sampler également. Il y a des pépites dans le Disco par exemple (sourire).

En parlant de collaborations, tu as travaillé avec notamment Tom Tyger, Klosman ou encore Pete Dash pour ne citer qu’eux. Y a t-il un artiste avec qui tu rêverais de collaborer ?

Martin Solveig, parce qu’il est éclectique et que tout ce qu’il touche, il le fait avec un extreme bon gout. Il est à la fois mainstream et branché. C’est le meilleur profil de DJ pour moi.
Armand Van Helden parce qu’il fait toujours très simple et très efficace dans ses productions mais toujours avec beaucoup de style.
Michael Calfan, parce que c’est le meilleur de sa génération et que c’est avant tout mon ami (sourire).

Cela fait de nombreuses années que tu es sur la scène électronique, on a vu ton style évoluer au fil du temps de l’electro/progressive house à la house/tech house… Que penses-tu de l’évolution de la musique électronique depuis tes débuts ?

A mon sens, les festivals ont fait beaucoup de mal à la musique de club. Il n’y a plus d’anthems fédérateurs que les DJs peuvent jouer le weekends comme un “World Hold On” de Bob Sinclar. C’est très dommage. Les DJs sont un peu perdus. Ils essaient de copier leurs idoles qui jouent sur des grosses scènes mais ça ne passe pas dans des petites salles.
La House et la Tech House amènent à la danse. J’avoue que je préfère des gens qui dansent que des gens qui “jump”. J’ai peut-être un peu vieilli aussi.

Cette année, tu fais le closing de la Beach Stage à l’Electrobeach, qu’est ce que ça représente pour toi ?

Je suis tellement heureux que les organisateurs me fassent confiance depuis 3 ans. C’est un honneur de représenter cette nouvelle scène de producteur français avec des amis comme Boris Way, Damien N-Drix ou Tony Romera. L’objectif serait de me produire sur la main stage l’an prochain (sourire).

Tu as mixé au festival de Cannes, à l’Electrobeach, tu as fait récemment tes débuts au Café Mambo, énormément de prestigieuses soirées. Quel est ton ou tes meilleurs souvenirs ?

Le Pacha Ibiza. J’ai répondu à l’invitation de Bob Sinclar pour le rejoindre sur sa soirée Paris By Night avec Louie Vega début juillet. C’était mon rêve. C’est chose faite.

Quels sont tes projets à venir ?

Deux morceaux sur le label Kryteria, le nouveau sous label House de Spinnin. Un remix de “City of Gold” avec Bob Sinclar et Africanism. Un remix pour Boris Way et les remixes de mon single The Shape par Kryder et Hugel, toujours chez Spinnin.

Merci d’avoir répondu à nos questions. Un dernier message à faire passer ?

«Not everyone understands House Music. It’s a spiritual thing, a body thing, a soul thing»

 

Réalisation : Valso / Préparation : Ben Altet

 

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