@ Théo Thomassine

La rentrée 2024 a été riche en actualité pour le producteur Pokeyz ! Son premier album « XP24 » sorti le 20 septembre dernier (à lire ICI), une release party de haute volée au Rex de Toulouse (à lire ICI)… Nous nous devions de lui poser quelques questions concernant son projet en pleine expansion. De la sortie de son album à ses collaborations musicales intenses, en passant par son carton « Somebody To Love » qui a obtenu plusieurs millions d’écoutes… Retrouvez ci-dessous l’intégralité de ses propos :

Salut Léo ! Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Salut ! Je m’appelle Léo, plus connu sous le nom de Pokeyz. Je suis un DJ/producteur toulousain.

C’est la question de base du site… Quelle est ta définition de la musique électronique ?

Pour moi, c’est toute musique qui est composée avec un ordinateur, des synthés etc. Définition assez simple mais plutôt honnête, je trouve (rires) !

Ton titre “Somebody To Love” sorti en mars dernier, avec Axelle Maga, vient d’atteindre les 5 millions de streams sur Spotify ! As-tu conscience de la viralité du morceau, ou ces chiffres paraissent encore flous pour toi ?

Alors, je suis conscient que c’est énorme, c’est sûr ! Mais je t’avoue ne pas avoir l’impression que ça ait changé quelque chose. Un peu, mais je ne réalise pas trop franchement.

Tu viens de sortir ton premier album “XP24”, composé de 15 titres. À l’heure où les plateformes de streaming favorisent la production de singles réguliers, pourquoi avoir souhaité sortir un album complet ?

L’album complet, c’était vraiment pour expliciter quel était mon projet et ma direction artistique. J’avais envie de pouvoir montrer aux gens que mon style artistique va de la bass music à la techno, en passant par la drum’n bass, et avec une grosse touche de pop, même french house. Comme je touche un peu à plusieurs styles en essayant de faire à ma façon, je trouvais que le format album était une bonne idée pour montrer le voyage musical qui est le mien. Si je sortais les morceaux un par un, ça avait moins de sens. Avec un album qui propose un enchaînement de morceaux, je peux mieux faire comprendre le sens de ma musique, quelles sont mes sonorités et les sons qui définissent mon identité musicale. L’album était surtout pour cette raison, en plus du fait que j’avais envie d’en faire un personnellement.

As-tu déjà pensé à utiliser divers alias afin de proposer ces différents styles, ou il était naturel pour toi de tout lier à ton projet Pokeyz ?

Il y a tellement de gens qui m’ont conseillé de faire plusieurs alias ! Mais je ne suis pas d’accord avec ça, je ne trouve pas que ce soit une bonne idée. Bon, si je me mets à faire du reggaeton par exemple, c’est sûr que la question de l’alias se posera (rires). Mais quand je pars dans la drum’n bass, la techno ou encore la pop, je trouve que la touche “Pokeyz” reste toujours la même. Donc je me suis dit, “pourquoi ne pas rester sous le même nom ?”, en essayant de faire chacun des styles à ma sauce et en insufflant un peu de “Pokeyz” dans tout ce que je fais. En plus de cela, je trouve que faire un alias est un peu faire un projet à durée de vie limitée. Imaginons je crée un projet afro-house qui cartonne pendant un an, si le style se termine… Mon projet est mort. Alors qu’avec mon projet Pokeyz, j’ai fait différents styles. Si un jour la hard techno ne marche plus, j’ai toujours la drum’n bass par exemple. Qu’on soit d’accord, ce n’est pas qu’un calcul machiavélique de ma part ! C’est que, sincèrement, j’aime ces styles. Je veux produire les sons qui vont bien dans mon set et dans ma playlist Spotify. Je veux produire des sons que j’ai envie d’écouter, et de jouer. Voilà pourquoi j’ai décidé de faire cet album ! J’ai quand même sorti quelques singles en amont. Comme je suis un projet en développement, c’était trop risqué de sortir un album tout d’un coup. Donc on a préféré sortir un single mensuel de février à juillet, histoire de faire découvrir aux gens les différentes facettes de l’album. Ça permettait de faire gagner en popularité les singles que l’on pensait forts. Lorsque l’album est sorti, il y a eu sept morceaux inédits à l’intérieur. Fred again.. fait ça, Skrillex fait ça, tout le monde fait ça !

Il est sorti sur le label rennais Uncommon Records, avec qui tu travailles depuis de longs mois déjà. Peux-tu nous parler un peu d’eux ?

C’est un label que j’ai découvert en 2022. Ma première sortie avec eux a été “Deadshot”, un morceau bass house, qui est d’ailleurs sur l’album. C’est une équipe formidable. Vraiment, j’ai rarement rencontré une équipe aussi géniale qu’eux au sein d’un label. Ils sont jeunes, ont vraiment envie de faire de belles choses, ils bossent très bien. Ils ont plein d’idées et ils savent aussi bien organiser des événements que gérer un label. Ils ont par exemple organisé une soirée à la Glaz Arena où ils m’ont invité, c’était génial. Pour leur première soirée, les mecs ont loué un Zénith, j’ai pété les plombs ! Ils sont trop forts. Ils organisent également des open air à Rennes. Là, ils ont une soirée à l’ADE, j’irai d’ailleurs les voir. En fait, c’est un label qui a énormément d’ambition. Et comme ils travaillent bien, ils se donnent les moyens d’atteindre leurs objectifs. Ça a été un réel plaisir de travailler avec eux, ils ont fait un travail formidable. En plus, ils ont une belle identité très marquée avec leur graphiste Lucas. Ça a bien matché avec ce que je voulais faire donc on a pu se coordonner parfaitement. Donc voilà, ils bossent super bien !

Les pochettes des différents singles et de l’album, le nom “XP24”, le teaser vidéo… Tout était calibré. Peux-tu nous expliquer la direction artistique que tu as mise en place ?

C’est quelque chose que j’ai imaginé. J’ai longtemps réfléchi à la création graphique que je voulais mettre en place sur l’album. Comme j’ai des sons qui sont un peu dans une vibe Cyberpunk comme “Smack The Matrix”, un peu synthwave comme la première version de “Let It Go” ou encore des sons un peu plus bass music, j’avais envie d’un univers futuriste. Uncommon ont un peu une direction artistique qui utilise des têtes masquées. Donc je me suis dit que ce serait bien de faire un robot. Un mec se baladerait dans une rue et trouverait ce robot. Le robot l’analyse et sonde dans son esprit quelle était sa construction musicale dans sa jeunesse, avec quoi il a été bercé. Pour moi en l’occurrence c’était le rock car mes parents écoutaient ça, mais aussi la musique électronique. Mon album représente mes influences musicales retravaillées à ma façon. Le robot s’appelle XP24, comme l’album. Ça veut dire “Experiment 24”. Lorsque le robot scanne le mec, ça lui ressort l’album. Voilà ce que montre le teaser ! C’est d’ailleurs le robot que l’on voit sur la pochette de l’album, XP24. On l’a également décliné en plusieurs couleurs différentes pour les singles en amont.

La grande majorité des titres sont en collaboration avec d’autres producteurs ou chanteuses. La musique est-elle meilleure lorsqu’elle est réalisée à plusieurs ?

Je le crois ! Il y a quelques titres que j’ai fait en solo, mais c’est vrai que j’aime bien bosser avec des potes. Je trouve qu’il y a un bel échange musical quand on bosse à plusieurs. Il y a des titres qui sont faits en collaboration comme Karina Ramage et Axelle Maga. Pour citer mes autres collaborations dans l’album, il y a aussi : “Stay Around” avec les Lodgerz, “From Darkness To Lights” avec ElmyX, “Rescue Me” avec Kenty Clide, “Don’t Forget” avec 87100, “Coming Closer” avec Skillz et “Empezar” avec Hippø & The Jacket. Et le déroulé est très simple. J’ai des idées, des débuts de prod’ et je propose à certains s’ils ont des idées pour étoffer. Par exemple “Stay Around” était un morceau à 100 BPM à la base, très pop. Et j’ai proposé aux Lodgerz d’en faire une version house. Au final, on a gardé cette version. Kenty Clide, quant à lui, a voulu rejoindre le projet lorsqu’il a appris que je faisais un album. La musique représente des échanges. On s’envoie des idées et on arrive à un produit fini. Antoine de SQWAD m’avait conseillé de faire des collaborations comme j’en n’avais pas fait beaucoup. Là, je me suis rattrapé (rires) !

La chanteuse britannique Karina Ramage est la seule à apparaître deux fois : pour “Not Today” et “Mind Haunted”. Pourquoi avoir fait ce choix de doubler sa présence dans ton œuvre ?

Parce que j’avais adoré bosser avec elle sur “Not Today” ! Elle avait fait des toplines de fou. Je lui avais envoyé l’instru et on avait échangé sur les idées. Je voulais trop refaire un son avec elle, d’ailleurs je pense que je vais en refaire d’autres parce qu’elle est vraiment super forte. Elle a une voix magnifique ! Pour la petite anecdote : de base, elle chantait sur “No Trouble”. Je trouvais que ce qu’elle avait chanté, ça passait mieux sur une autre prod’. Donc j’ai construit une nouvelle prod’ autour du vocal qu’elle avait fait de base pour “No Trouble”, et c’est devenu “Mind Haunted”. Donc au final “No Trouble” est restée telle quelle. C’est d’ailleurs pour ça que les deux titres s’enchaînent dans l’album. Bien qu’ils n’ont rien à voir, “Mind Haunted” est le petit frère de “No Trouble”. Ça, je l’ai dit à personne, c’est une exclu (rires) !

S’il manquait ta collaboration rêvée dans cet album, de qui s’agirait-il ?

Une seule ? Impossible… Je vais t’en dire deux (sourire). Une avec Skrillex, et une avec David Guetta. Dans mes rêves les plus fous (rires) ! J’aurais laissé Skrillex faire les drums sur “Not Today”. Avec David Guetta, on aurait fait une version de “Let It Go” à la Guetta, avec le vocal incroyable de Jean Castel. On aurait fait une version comme ça, je pense. Je suis sûr que le côté pop de “Let It Go” lui aurait plu !

Le 19 septembre, tu as réalisé une super release party au Rex de Toulouse. Était-elle à la hauteur de ce que tu espérais ?

Merci beaucoup, déjà ! Et je dirais que c’était au-delà de ce que j’espérais. Franchement, je suis super content. C’était une dinguerie ! Je suis très content que tous mes potes artistes soient venus. C’était vraiment un honneur pour moi de voir autant de gens et autant d’amis présents. On s’est vraiment régalés, on a passé une super soirée et on s’est vraiment bien amusés. Au final, on a eu plus de monde qu’espéré. Merci à tous d’être venus !

De nombreux amis DJs ou professionnels du milieu y étaient présents. Pourtant, on dit souvent qu’en France, c’est un peu chacun pour soi contrairement aux artistes néerlandais qui ont une image un peu plus fraternelle. Quel est ton avis là-dessus ?

C’est vrai que les néerlandais sont très fraternels. En France, ça dépend. Il y a un côté “chacun pour soi”, mais il y a aussi un côté très entraide. Je ne sais pas pour les autres, mais moi j’ai été très touché qu’il y ait autant d’artistes qui soient venus. Il y a eu Plastic Toy, Naø, Charles B. Évidemment Mosimann en surprise ! Ainsi que tous les artistes qui étaient sur l’affiche. Même les On Point au final étaient au complet alors qu’il était censé y avoir que Gab’ (ndlr : Ga2b). Plein de choses se sont faites au dernier moment, c’était incroyable ! Donc je pense qu’il y a quand même de l’entraide en France, de bons crews, des gens good vibes qui veulent faire de belles choses. C’est plaisant et ça donne de l’espoir pour la suite.

Axelle Maga était présente pour interpréter “Somebody To Love”, naturellement. Cependant, elle a aussi remplacé la voix de Karina Ramage sur tes deux collaborations avec elle, mais également la voix de Dhany sur “Hit My Heart”. Est-ce que des concerts full “Pokeyz x Axelle Maga” sont envisageables, à l’image de projets comme Creeds x Helen Ka ?

Franchement, on adorerait ! On se régale sur scène tous les deux. Je trouve qu’il y a une belle énergie, en tout cas, je kiffe faire ça avec elle. On avait enregistré des nouvelles chansons avec Axelle, mais on n’a pas eu le temps de les finir avant la release party. On s’est dit que ce serait stylé qu’elle chante d’autres tracks. Karina est en Angleterre donc ne pouvait pas être présente. Avec Axelle, on a donc décidé qu’elle chante sur les tracks féminines ! Elle a donc interprété “Not Today”, “No Trouble” et d’autres chansons comme tu as dit. C’était trop cool et je trouve qu’elle a vraiment géré. Donc oui, un full concert ensemble est envisageable. S’il y a des promoteurs qui nous entendent, “coucou” (rires) ! S’ils veulent qu’on vienne faire un show dans leur festival, direct !

Par tes collaborations, tu privilégies le contact humain. À l’heure où la technologie évolue quotidiennement, que penses-tu de l’utilisation de l’IA, notamment pour la partie vocale ? As-tu déjà envisagé de l’utiliser ?

J’ai déjà joué et testé quelques trucs, c’est incroyable et ça fait même peur tellement c’est dingue. Pour le moment, je n’ai pas encore utilisé d’IA dans mes morceaux. Pas encore, et je ne sais pas si je le ferai. J’aime travailler avec des songwriters. Quand j’ai bossé avec Jean Castel ou Karina Ramage, c’est quand même quelque chose de bosser avec des gens qui savent écrire des chansons et qui sont super forts. Même avec Axelle en studio, on essaie de topliner nous-mêmes, de trouver des mélodies. Après, la technologie est là. Ça sert à rien de la mettre au placard de toute façon. On ne peut pas la faire disparaître ! Si on arrive à trouver un moyen intéressant de l’utiliser, pourquoi pas. Pour le fun, j’avais fait chanter « Keep My Cool » par Rihanna et “Let It Go” par The Weeknd. Ça m’avait bien faire rire de mettre les voix de chanteurs connus sur mes tracks pour voir ce que ça donnait. Je m’étais amusé avec ça, je les avais mis sur Instagram juste pour rigoler. Je veux pas de procès de la part de The Weeknd, t’imagines les avocats (rires) !

En parallèle, Toulouse te connaît particulièrement du fait que tu es le DJ résident de la Couleur de la Culotte. Être toutes les semaines le nez dans les platines est-il un atout pour la composition, ou plutôt une difficulté supplémentaire ?

Un peu des deux ! Commençons par le positif. C’est un atout car quand tu composes et que tu es DJ résident depuis six ans, tu vois ce qui marche quand tu mixes. Je pense que ça m’amène à composer de manière plus efficace. Au niveau des constructions de morceaux ou des arrangements, je vois directement ce qu’il me manque en tant que DJ. Après, c’est vrai que quand tu es souvent au même endroit plusieurs fois par semaine, ça peut fatiguer. Tu fais de la musique 1000% de ton temps. Donc des fois c’est peut-être bien de poser un peu le cerveau et de souffler. Mais je suis très content d’être résident, c’est un vrai plaisir. Surtout en ce moment, je me régale à La Couleur ! On joue des musiques qui sont beaucoup plus mon style, et les gens adhèrent. Dis toi, j’ai joué du Angerfist dimanche dernier pour rigoler, les gens étaient en furie ! Tout le monde avait les bras en l’air, ça hurlait. Avant c’était inenvisageable, ça joue beaucoup plus énervé maintenant à La Couleur. Par exemple, l’autre jour je me suis surpris à ressortir quelques bouts de mon set du Rex, tu vois ! Il y a trois ans, c’était impossible. Avec toujours une touche vocale pour que ça reste accessible aux gens, je me régale en ce moment !

À moyen terme, l’objectif est-il de garder cet équilibre entre la résidence et les concerts, ou tu souhaiterais seulement tourner indépendamment ?

Sur le long terme, j’aimerais bien faire quasiment que du “guest”. J’aimerais mixer le plus possible en festival ou dans des soirées pour pouvoir proposer un set entre une et deux heures. Faire 100% mon style. Je voudrais proposer que des sets comme j’ai pu faire au Rex ou au Hall Music Festival à Biarritz. Comme font de très nombreux DJs producteurs aujourd’hui à l’image de Tony Romera par exemple. J’aimerais bien tourner de cette manière-là. Après, c’est toujours un plaisir de faire des sets de cinq ou six heures de temps en temps. Tu as plus le temps de développer quelque chose. Mais j’avoue que le format d’une heure, une heure et demie, me plait beaucoup. Je peux faire un concentré que j’apprécie particulièrement. Là par exemple, je vais jouer à l’ADE à Amsterdam et dans un festival à Bruxelles. J’adorerais faire que ça ! En gardant quelques dates de temps en temps à La Couleur ou ailleurs, ça fait plaisir aussi.

Pour l’anecdote, tu as commencé en tant que ghostproducteur. Ton nom Pokeyz vient d’ailleurs de Pokey, un des quatre fantômes de la version Deluxe de Pacman. Finalement, préfères-tu la tranquillité de l’ombre ou le rayonnement des projecteurs ?

Les deux sont bien en ce moment. Comme j’ai mon projet à développer, je fais avec. Pour le moment ça va, je me fais pas emm*rder dans la rue (rires) ! Je n’ai pas l’impression d’avoir un énorme rayonnement de projecteurs donc c’est largement vivable. Après, être tranquille c’est bien aussi. Si un jour, j’ai un morceau qui fait 100 millions d’écoutes sur Spotify et que je tourne partout dans le monde, on pourra se re-poser la question (rires). Mais pour le moment, ça n’a pas vraiment changé.

Quels sont tes projets à venir ?

Je bosse sur de nouveaux morceaux. J’ai des trucs qui arrivent, pas encore signés. Comme j’ai dit, j’aimerais faire plus de dates et de festivals. Je compte m’éclater à Amsterdam pour l’ADE, en faisant en sorte de bien jouer l’album pour montrer le projet aux Néerlandais. Ça me plait aussi de produire des morceaux pop pour d’autres artistes. Peut-être aussi que je prépare un “XP25” ou “XP26” selon l’année de sortie. Non c’est pas vrai, je rigole (rires) !

Merci d’avoir répondu à nos questions ! As-tu un dernier message à faire passer ?

Merci Valliue pour l’interview et merci à toi pour tout ce que tu as fait, tu as été au top. N’hésitez pas à aller écouter l’album pour découvrir le projet. Merci beaucoup !

Préparation, réalisation et retranscription réalisées par Valso

By Valso

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