Interview : Obsimo

© Béranger Tillard – Photographies

Dernière interview de l’année pour nous ! Lors du 41ème volet des Curiosités du Bikini, nous avons eu l’occasion de rencontrer Andrei (producteur) et Antonin (vidéaste), les talentueux membres du projet Obsimo. De leur début de carrière à leur processus de production, en passant par l’importance de l’aspect visuel, retrouvez l’intégralité de leurs propos ci-dessous :

Salut les gars, pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas ?

Andrei : Alors, le nom du projet s’appelle Obsimo, et on est deux un peu à gérer ça. Il y a le côté visuel d’Antonin qui s’occupe de la vidéo-projection, il fait des clips et il m’aide quand même un peu pour le management, booking, etc… Ce qui est important. Et moi qui compose toute la musique. On sépare un peu visuels et musique.

C’est la question de base du site : quelle est votre définition de la musique électronique ?

Andrei : Je dirais que c’est une sorte de pulsation répétitive où chacun met un peu ce qu’il veut dedans. Ça peut donner des émotions joyeuses, tristes, transcendantes…

Antonin : Je dirais aussi un peu une vision des mouvements techno où tout le monde est accepté, tout le monde danse en même temps, une espèce de cohésion générale. Souvent, les gens disent que c’est que du “boum boum”, mais même si des fois il n’y a pas de parole, il peut y avoir des sons qui vont te laisser imaginer tes propres paroles et te véhiculer des émotions.

Après le très bon EP “Obsidienne” sorti l’an dernier, vous avez dévoilé un LP “Addiction” courant 2019. Où puisez-vous votre inspiration pour enchaîner ces oeuvres musicales ?

Andrei : Je dirais que d’EP en EP ou de sortie en sortie, c’est un peu la même idée qui évolue. Je travaille aussi techniquement et musicalement mes sonorités, donc je pense que ça reste un peu une évolution constante de mes idées. Après pour cet EP, on est parti sur le délire de l’addiction, où chaque morceau représente le nom d’une addiction, et on s’était dit que visuellement on pourrait assez facilement le traduire.

Lors du processus de production, pensez-vous directement à comment l’inclure dans votre live ? Ou cette question se pose bien après ?

Andrei : Au début, la source c’est la musique. Et plus je fais de concerts, plus j’imagine ça en live, donc je pense qu’au fur et à mesure mes morceaux vont être de plus en plus rythmés, ou alors je vais peut-être moins oser faire des morceaux un peu mous et badants, même si j’aime bien faire ça (rires). Ensuite, une fois que le morceau commence à ressembler à quelque chose, j’envoie la démo à Antonin.

Antonin : Je lui dis que c’est nul (rires) !

Andrei : Il me donne son avis et après je vois. Ça me permet de voir si je me perds pas dans mon truc. Et après si on kiffe tous les deux, on commence souvent direct à imaginer un clip ou à donner une image, et ensuite on voit si ça sort ou non.

Pouvez-vous nous en dire plus sur SHLO Music, le label avec qui vous êtes liés depuis 2017 ?

Andrei : La rencontre était assez hasardeuse. Il gère un groupe dans son label qui s’appelle Supernaive, que j’avais découvert dans ma playlist de la semaine je crois sur Spotify. Bref, du coup j’ai commencé à liker sur soundcloud, etc… Et c’est Lucas, à la tête du label, qui gère aussi leurs réseaux sociaux et il avait vu que j’avais liké des posts alors qu’à ce moment là j’avais sorti que 3 morceaux, un petit EP fait maison de A à Z. Du coup, il m’a envoyé un mail en me disant qu’il cherchait des gens pour son label et donc voir si on pouvait se rencontrer. Avec de la chance j’étais à Paris ce jour-là, on partait le lendemain donc on s’est capté le lendemain du mail. Du coup on s’est rencontré, ça a matché, je lui ai fait écouter des démos, etc… Suite à ça on a continué à discuter, et puis on a sorti Obsidienne ensemble, c’est d’ailleurs le moment où Antonin est arrivé aussi. Donc en gros, c’est un peu l’EP où tout le monde s’est réuni et où ça commençait à ressembler un peu plus à quelque chose d’un peu moins amateur.

Une de vos forces, à l’image de The Blaze, est la production de clips très travaillés pour accompagner vos morceaux. Obsimo sans l’aspect visuel, ce n’est plus du Obsimo ?

Andrei : Au début, la vidéo-projection c’était un peu accessoire en fait. Pour fêter la sortie de mon EP Obsidienne, j’ai fait un concert à l’IBOAT à Bordeaux et je voulais faire un truc nouveau pour ramener mes potes et tous les gens qui m’écoutaient un peu. Du coup je me suis dit “Bon, il a fait mon clip Faceless, donc pourquoi pas faire de la vidéo-projection” ?

Antonin : J’ai tout appris en trois semaines, on a réfléchi ensemble aux visuels. Au début, on chinait un peu sur internet parce que c’était impossible de faire une heure de live avec un seul clip.

Andrei : À la fin des concerts on me demandait un peu ce que ça donne sans le visuel, mais finalement c’est plus accessoire donc… Ouais je me demande.

Antonin : Après, ça arrive encore par exemple dans les concerts de jour où ben forcément la vidéo-projection c’est compliqué, ou encore quand j’écoute chez moi du Obsimo j’ai pas les visuels, et c’est toujours un plaisir d’écouter. Je suis fan de la première heure tu vois (rires).

Andrei : C’est un beau plus. Nous on aime faire un concert avec Johan aux lumières, Antonin à la vidéo projection et moi à la musique. Quand on est trois on est content. Si on est moins, on est moins content.

La majorité de vos clips représentent l’être humain dans différents contextes : festivités, sensualité, mystère… Y a t-il une raison à cela ?

Antonin : J’essaie juste de traduire ce que je ressens en écoutant sa musique. Et généralement ça vient assez facilement. Après, ça revient un peu aussi à l’image que j’ai de la musique électronique et je pense que j’essaie de le traduire à travers les clips.

Andrei : Ouais, il y a des gens qui ont des dégaines un peu particulières, on aime bien leur attitude etc… Et on se dit “Lui, il serait bien dans un clip”. Donc, je sais pas on aime bien les humains quoi (rires).

La réalisation de ces clips ne représente pas un coût financier trop important, comparé aux retombées statistiques attendues ?

Antonin : c’est pas mal de DIY (ndlr : « Do It Yourself »), même si peut-être ça se voit pas… (rires).

Andrei : On essaie vraiment de tout faire nous-mêmes. Tu vois moi je compose la musique, Antonin fait la vidéo donc il a sa caméra. Nos potes font les acteurs.

Antonin : Y’a un de ses potes qui est mannequin, il bosse pour Lacoste et plein de marques. Il s’appelle Hugo Villanova, il est dans Faceless et on l’a remis dans Molly. Après pareil, les troupes de danseurs sont des amis de Bordeaux. À la base, je fais aussi de la vidéo car c’est mon métier. Je les avais suivis sur des projets, j’ai eu cette idée de clip, leur ai proposé de venir et ils l’ont fait gratuitement. Du coup c’est que du système D, que des gens qui s’investissent et c’est que des retours positifs.

Andrei : Faceless c’était dans son appart qu’il avait eu pendant un mois, à l’arrache quoi. Et Molly, c’était une salle de concert à Bordeaux qui nous accompagne. On a fait une résidence la journée, le soir on tournait le clip.

Antonin : En gros de 10h à 18h on répétait le live, de 18h à minuit on tournait le clip et c’était ça pendant 3 jours.

On a évoqué The Blaze plus tôt, mais la scène française regorge de nombreux producteurs que vous avez côtoyés sur des événements différents comme Rone, Thylacine ou encore Fakear. La scène française représente t-elle une opportunité et une source d’inspiration pour vous ?

Andrei : On est allé en Pologne cet été, et tous les polonais disaient “Vous avez des putains de bons producteurs en France”. Jacques a fait une tournée en Pologne donc ils étaient là “Jacques, Jacques !”. Pour eux, c’était Daft Punk et Jacques là-bas (rires). À l’extérieur tout le monde trouve la culture française trop bien alors que nous on s’en rend peut-être pas compte, on baigne dedans. Ce qui est bien je pense en France, c’est qu’on a beaucoup de choses électro mais en live aussi, ils font l’effort de pas faire qu’en DJ set etc… En tout cas, c’est sûr qu’il y a plein de références et peut-être que ça ouvre des portes dans des festochs.

Antonin : Ils démocratisent un peu la musique électronique je pense donc c’est pas mal.

Après avoir été sélectionnés pour représenter les Inouïs du Printemps de Bourges, on se retrouve ici au Bikini pour les célèbres Curiosités mettant en avant de jeunes talents. Ce genre d’événement est primordial pour lancer sa carrière ?

Antonin : Déjà, je suis trop content de jouer ici, parce que j’ai des amis sur Toulouse, je suis déjà venu voir plusieurs concerts ici et ça arrive souvent que les groupes viennent pas à Bordeaux pour venir à Toulouse parce que forcément la salle est mieux (rires).

Andrei : En fait, sans ce genre de tremplin on pourrait pas forcément jouer dans ces conditions, dans ces lieux, devant autant de monde, etc… Ils font confiance à des jeunes artistes qui débutent.

Antonin : Du coup, c’est Bleu Citron qui nous ont programmés et je pense qu’ils font un bon travail de dénichage entre guillemets, enfin pour moi quand on a été programmé aux curiosités, ça a été la même sensation que quand on nous a dit qu’on était sélectionnés à Bourges. On était trop content !

Il y a quelques semaines, le YouTubeur Simon Puech vous a cités comme un de ses coups de coeurs musicaux de 2019. En rapport aux tendances actuelles, la plateforme YouTube est-elle aussi, voire plus, importante que la presse spécialisée ?

Andrei : Franchement, ça a une influence de fou Youtube. J’ai l’impression que quand un Youtubeur a 100 000 abonnés, les gens se disent que c’est pas beaucoup, t’as 100 000 tu devrais avoir 100 millions. Alors que 100 000 c’est énorme quoi. T’as 100 000 abonnés pour un Youtube uniquement musical en France, ben tu fais des tournées, tu vies ta vie à la cool. Donc ouais, ça a une influence de dingue. Et Simon Puech c’était un hasard. Je le connaissais pas du tout. On avait fait la première partie de Thylacine et à la fin du concert il est venu nous parler. Il nous avait mis dans sa story en disant de nous suivre, et là j’ai eu 100 abonnés hyper rapidement. Les gens likaient pendant la première partie. Du coup après qu’il m’ait parlé, j’ai capté que c’était lui. Puis, il est revenu vers moi pour me demander une de mes musiques pour une de ses vidéos chrono. Et maintenant on se croise souvent à Bordeaux et il est très cool.

Quelle est la situation actuelle de la scène électronique bordelaise ?

Andrei : Je dirais que c’est dans la bonne voie.

Antonin : Ouais, en fait sur Bordeaux y’a pas mal de collectifs qui organisent des events, pas mal de house music et aussi des trucs un peu plus underground qui font des genres de warehouse qui marchent très bien.

Andrei : Et hormis ça, l’été il y a plein de touristes, du coup c’est full Open Air, donc c’est bien pour ça. Après, il n’y a pas encore assez de scènes encore je dirais mais bon, il faut le public aussi.

Antonin : En gros en ce moment, j’ai l’impression qu’il y a Djedjotronic qui est la référence bordelaise, qui a fait un boiler room d’ailleurs à la base sous-marine de Bordeaux. Je crois qu’il va jouer avec Boys Noize au Bikini bientôt.

Andrei : Je trouve que c’est en ascension en tout cas sur Bordeaux. Après, il faut s’entendre avec les gens parce qu’il y a toujours des petites guerres entre associations.

Quels sont vos projets à venir ?

Andrei : On y travaille (rires) ! De sûr, y’a un remix qui sort en janvier, un remix d’un groupe qui s’appelle Iñigo Montoya. Et après, normalement en mars, il y aura peut-être un single avec un clip, mais en espérant que ça prenne pas de retard. On est plus dans un délire de faire un clip avec un single tous les 3/4 mois, en attendant que je trouve plus d’inspiration, que je compose toujours des trucs qui me plaisent et en gardant de l’actualité et des concerts.

Merci d’avoir répondu à nos questions. Un dernier message à faire passer ?

Andrei : Oui, le 10 janvier, si les Bordelais lisent ça, on joue à l’Astrodøme Bordeaux !

Antonin : Petit message aussi, c’est merci aux programmateurs, au Bikini.

Andrei : Avec Calling Marian et French 79 qu’on adore. Et merci à vous !

 

Réalisation : Valso / Préparation : Valso / Retranscription : Oce-B

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