Irène Drésel – © Valérie Mathilde

À l’occasion de la sortie de son dernier album « Rose Fluo », nous avons posé quelques questions à l’iconique productrice Irène Drésel ! De la conception de son oeuvre à la musique cinématographique, en passant par son César décroché l’an dernier… Retrouvez l’intégralité de ses propos ci-dessous :

Salut Irène ! Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Bonjour, je m’appelle Irène Drésel et je suis compositrice de musique électronique avec des influences techno. Mon univers n’est pas que sonore mais également très visuel.

C’est la question de base de notre site… Quelle est ta définition de la musique électronique ?

Pour moi, la musique électronique est une musique générée à partir d’un courant électrique. Tout simplement.

Tu as sorti “Rose Fluo” le 26 janvier. Après “Hyper Cristal” et “Kinky Dogma”, il est le troisième album de ta discographie. Qu’a-t-il, pour toi, de plus que les deux œuvres précédentes ?

Ce troisième album est pour moi la continuité des deux précédents. Je continue dans la même veine, avec mon style qui se développe d’album en album.

Le titre de ton album tout comme la pochette sont un hommage à la rose, ta fleur préférée. Elle se distingue par ce contraste entre force (épines) et délicatesse (odeur, pétales). Te concernant, tes choix artistiques sont élégants et tu dégages une forme de douceur : de la scénographie jusqu’au choix de tes tenues portées pour jouer. Paradoxalement, ta musique est énergique et s’apprécie particulièrement dans l’obscurité du monde de la nuit. Finalement, si on regarde bien, la rose n’est elle pas la métaphore de ton projet Irène Drésel ?

Bien sûr c’est complètement ça, très bonne analyse ! J’aime cette dualité qui fait la force des choses. Je suis moi-même parfois très contradictoire et les extrêmes m’attirent.

Dans cet album, les tracks “Fluo” et “Rose” composent ensemble le nom de l’œuvre générale. Le premier ouvre l’album, tandis que le second se situe au milieu et le coupe en deux. La question peut paraître spéciale, mais ce placement dans la tracklist est-il réfléchi ?

« Fluo » est un morceau très long, de 9 minutes, très puissant avec de nombreux rebondissements. J’ai vraiment voulu démarrer avec ce titre pour annoncer la couleur et aller droit au but. Le placement de « Rose » est plus dans un souci d’enchainement entre les tracks. J’ai essayé plusieurs choses, et c’était ce qui me semblait le plus évident.

En décembre, tu as sorti un clip de “Glam” qui figure sur l’album. Pourquoi avoir choisi de réaliser un clip sur ce titre en particulier ?

Tout simplement parce que ce clip est le premier d’une trilogie, et que l’enchainement de Glam, Fluo et Thérèse marchait vraiment bien en termes de narration. Ces trois clips d’animation ont été réalisés par Zélie Durand-Khalifat et produits par la boite de production « Les Monstres ».

Tu as choisi de réaliser ce clip sous forme d’animation 2D. Tu vas d’ailleurs en réaliser d’autres puisque tu prépares un triptyque. L’animation occupe quelle place dans ton univers artistique ?

J’adore dessiner, et l’animation est un moyen d’aller plus loin dans la création d’univers fantastiques liés à l’imaginaire. Ces trois clips sont le fruit d’un travail démentiel et le rendu est magnifique.

Tes pochettes d’album sont ultra-travaillées, tout comme les différents aspects visuels lors de tes shows. La musique a-t-elle un goût fade sans l’image ?

Non, la musique n’a pas un goût fade sans image, mais avant de devenir musicienne j’ai eu un parcours autour de l’image. C’est donc indissociable, pour moi. Lorsque je compose un morceau, je vois aussitôt des images.

Ta musique n’occupe pas de case définie. Tu as de nombreuses influences (littérature, peinture, cinéma, photo…). Au niveau musical, quelles sont tes influences ?

Mes influences musicales sont très diverses, ça va de la techno (James Holden, Nathan Fake, Mr. Oizo, Chloé, Vitalic) à la chanson (Brigitte Fontaine, Lana Del Rey, Grimes) en passant par les musiques indiennes ou thaïlandaises, et la musique classique aussi.

Ta musique est beaucoup axée sur les émotions et cette volonté de partage avec ton auditoire. Lorsque tu composes un son, penses-tu à l’émotion que celui-ci générera ou est-ce un aspect secondaire ?

Non j’y pense aussitôt, je ne pense presque qu’à ça d’ailleurs. Je pense aux festivaliers qui, je l’espère, vont passer un bon moment !

En 2023, tu as remporté le César de la meilleure musique originale pour le film “À plein temps”. S’en est suivi un beau discours ! Est-ce le meilleur souvenir de ta carrière artistique, tout confondu ?

Je ne sais pas si c’est le meilleur mais c’est sans doute un des plus forts et des plus indescriptibles.

Tu as donc désormais marqué l’histoire en devenant la première femme à obtenir ce prix, de l’histoire des Césars. Symboliquement, qu’est-ce que cela représente pour toi ainsi que pour le milieu artistique ?

Cela a permis de contribuer à toute cette bataille de mise en avant des femmes compositrices, nombreuses mais peu représentées. C’est en train de prendre bonne tournure et c’est formidable.

Est-ce qu’un film peut être un chef-d’œuvre si sa bande originale est moyenne ? À quel point celle-ci impacte l’esthétique d’un film ?

Oui bien-sur il y a des films qui sont des chefs-d’œuvre avec très peu de musique. Je pense à « Une Séparation » d’Asghar Farhadi où la musique, si ma mémoire est bonne, est quasi inexistante. À mon sens, ce n’est pas la musique qui fait un bon film. Elle peut y participer mais c’est tout. Le film doit tenir sans musique. Et si la musique est « moyenne » cela ne doit pas perturber le film. Enfin, c’est mon point de vue. En aucun cas, une musique ne doit être là pour « sauver un film ». Sinon, c’est que c’est déjà perdu !

L’une des différences essentielles entre ta musique et celle que tu réalises pour le cinéma ou la publicité est que cette dernière n’est pas conçue pour être jouée sur scène. Tes lives sont pourtant géniaux ! Te sens-tu plus à l’aise à produire en studio, ou à jouer sur scène ?

J’adore composer à la maison, en studio. C’est un moment magique, où justement je suis dans le silence, en pensée extrême avec le public qui recevra ce qui va sortir de mes tripes. L’expérience du live c’est autre chose : un moment de communion évidente, mais cela génère tellement de stress en amont… Ce n’est pas de tout repos et il faut tenir sur la durée !

Nous venons d’ailleurs te voir au Bikini à Toulouse le 27 mars, à quoi doit-on s’attendre ?

Il s’agit d’un live avec la vidéo, on va donner notre maximum d’autant qu’on adore cette salle, on y a déjà joué et c’était énorme.

Après la sortie de “Rose Fluo”, quels sont tes projets à venir ?

Toujours plus, toujours plus (rires) ! Je ne sais pas, on se concentre sur la tournée pour le moment…. C’est déjà beaucoup.

Merci d’avoir répondu à nos questions ! As-tu un dernier message à faire passer ?

À très vite à Toulouse, soyez en forme !

Interview par Valso et So

By Valso

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