© Oceb / Valliue

À l’occasion du Garorock 2023 (reportage ICI), nous avons eu l’honneur de poser quelques questions à l’un des artistes français incontournables de ces dernières années : Myd. De sa joie de vivre au label Ed Banger, en passant par sa relation avec sa communauté, retrouvez l’intégralité de ses propos ci-dessous :

Salut Myd, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Je m’appelle Myd, je suis musicien, producteur et DJ, principalement de musique électronique. Je fais de la musique depuis bien longtemps, et sur le label Ed Banger depuis quelques années.

C’est la question de base du site… Quelle est ta définition de la musique électronique ?

Elle est très simple : c’est de la musique faite avec principalement un ordinateur.

Il y a deux ans, tu sortais ton premier album “Born A Loser”. Cet album aura également permis de te découvrir différemment sur scène, avec un format Live que tu as notamment présenté à l’Olympia. Quel bilan tires-tu de ce projet majeur pour ta carrière ?

C’est dur de faire un bilan quand on est en cours de carrière, mais ça me rend très heureux. Et je vois que je suis de plus en plus heureux dans ma vie grâce à cela, parce que j’ai la chance de jouer sur des scènes dont j’avais rêvé. J’ai également la chance de collaborer avec des artistes que j’admire, et surtout de vivre de ce que j’aime le plus dans la vie : faire de la musique. Donc si en fait, on peut dire que c’est un petit bilan milieu de parcours ! On fera une mise à jour dans quelques années (rires).

Depuis 2017, tu produis sur l’incontournable label Ed Banger Records où produisent des figures comme Cassius, Mr. Oizo ou encore Busy P. Quels seraient les grands enseignements que tu tirerais de ce travail en commun avec ces illustres artistes ?

J’en tire qu’il n’y a pas de formule magique pour faire de la bonne musique ou de la musique qui touche du monde. On a parfois l’impression qu’il faut un certain format, une certaine recette. Alors que l’instinct de Pedro (ndlr : Pedro Winter), c’est de suivre ses goûts et d’essayer de créer de nouveaux mélanges. Quand tu vois la plupart des artistes qui ont sorti des musiques sur le label, le point commun est que la musique est assez unique. Par exemple, personne ne sample comme Mr. Oizo. Le mélange électro/métal de Justice est également assez unique. Et ça m’a donné la confiance d’aller dans ma voie à 100%, de faire de la musique à ma manière et comme je l’entends, de produire de manière libérée. Donc ça confirme qu’être unique à autant de force dans la musique que suivre des recettes pré-établies.

On sait que tu as produit des tubes pour plusieurs rappeurs comme Alonzo, Lacrim, ou encore SCH. Est-ce que travailler pour ce genre d’artistes, qui restent assez éloignés de l’électro, est nécessaire pour ton épanouissement musical ?

Aller voir ailleurs ce qui se passe est toujours nécessaire, oui ! C’est toujours agréable car c’est inspirant de voir d’autres personnes avec leurs manières de travailler et de composer. Ça permet également d’apprendre ! Ce qui est très agréable avec le rap, c’est que ce sont des gens qui sont très ouverts. Il y a tellement de rap qu’ils ont besoin de nouveauté, d’être créatifs et de faire la différence par rapport aux autres. Si on a parfois l’impression que le rap est formaté, je trouve qu’ils cherchent vraiment à aller vers de nouveaux sons. Donc oui, ça fait vraiment du bien d’aller les voir !

Entre temps, tu t’es également permis des moments de légèreté aux côtés de Squeezie et KronoMuzik avec le projet Trei Degete. Cela devait se résumer à “Time Time”, la suite a finalement eu lieu avec “Spaceship”. Ce trio représente t-il plus un délire entre trois copains, ou une rencontre évidente entre trois geeks de leurs milieux respectifs ?

En effet, on est tous les trois geeks chacun dans notre domaine (rires). Je ne verrais pas ça comme un projet musical, mais comme une bonne vidéo YouTube car la vidéo est fun. C’est un bon divertissement !

En parlant de ça, les vidéastes se lancent de plus en plus dans la musique (rap, électro, chanson). Souvent pointés du doigt par les artistes du milieu musical, quel est ton point de vue là dessus ?

Je pense que certains artistes ont du talent. Après, ils ont parfois tendance à se victimiser en se disant que le monde de la musique ne veut pas d’eux car ils viennent d’un autre milieu. Mais, c’est juste qu’ils sont débutants, et qu’ils pensent que tout va vite. Peu importe d’où ils viennent : qu’ils soient acteurs, vidéastes, youtubeurs, réalisateurs… Pleins de gens se mettent à faire de la musique. Malheureusement, une carrière se construit sur des années et des années, à apprendre et à se tromper. Évidemment, en arrivant avec leur notoriété, ils peuvent parfois penser que c’est acquis et que c’est facile. De mon côté, si je lançais une chaîne YouTube demain, les autres youtubeurs diraient malheureusement “Mec, tu n’y es pas encore, t’as du travail” ! Je pense qu’il y a des talents, mais n’oublions pas que c’est la musique est aussi un travail.

Tu as une belle communauté de fans, dont on te sait très proche. Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ta relation avec cette dernière ?

J’aime leur fidélité et leur bienveillance. J’ai la chance d’avoir des fans très gentils, même s’ils m’ont écrit un message sur un panneau aujourd’hui avec marqué “Myd, pète moi le c*l” (rires) devant moi, pendant tout mon set.

Est-ce qu’on a les fans qu’on mérite ?

On a les fans qu’on mérite, c’est vrai (rires) ! Non ils sont trop gentils, on s’est hyper rapprochés pendant le COVID, avec une émission que j’ai fait sur YouTube. Ça a créé une communauté et je les aime vraiment beaucoup.

Dans tes compositions ou tes apparitions, tu dégages toujours une immense joie contagieuse. Myd, est-ce un personnage sympathique ou tout simplement Quentin qui vit sa meilleure vie ?

C’est de loin Quentin qui vit sa meilleure vie ! Aujourd’hui, ma vie sur scène et en studio, et ma vie quotidienne sont étroitement liées. Je ne fais pas semblant d’être heureux sur scène pour faire la gueule en descendant. Au contraire, tout le processus me rend heureux. Monter sur scène pour ensuite aller en studio, c’est inspirant ! Quand je suis en studio, je pense aux morceaux que je jouerais sur scène… Tout est imbriqué !

Dans tes chansons, tu abordes à la fois la casquette de producteur mais également celle de chanteur. Comment abordes-tu le rôle de ce dernier dans tes différentes chansons et comment se déroule le processus d’écriture des paroles ?

C’est intéressant. Pour moi, c’est une évidence de chanter sur un projet aussi important qu’un premier album. J’étais en studio, en train de produire tout seul la plupart du temps. Je trouvais cela bizarre de donner un rôle aussi important que le chant à quelqu’un d’autre. Donc j’ai pris des cours de chant parce que j’étais pas très à l’aise et que je savais que j’allais faire de la scène. Pour les paroles, ça dépend des thèmes, ce dont je veux parler. J’ai de la chance chez Ed Banger d’avoir quelques personnes qui m’ont aidé comme Irfane par exemple. Lui est bilingue donc il a pu m’aider sur certaines tournures de phrases pour être sûr que je ne raconte pas n’importe quoi (rires).

Toujours en respectant ta personnalité et ta patte musicale, tu arrives à créer des sons universels et intemporels. Si tu devais choisir, est-ce que tu préfères produire dans l’optique de toucher un public large sans aimer ce que tu fais ou rester fidèle à tes aspirations musicales mais n’être écouté par personne ?

(rires) ! Je n’ai pas le choix que de faire de la musique que j’aime. Si je faisais ce que je n’aimais pas, je pense que je devrais changer de métier. Après, si personne ne l’écoute… Dommage pour eux (rires). Par contre je n’arrêterai pas, car je n’ai pas le choix que de faire de la musique. Je suis trop mal si je n’en fais pas. C’est un besoin, donc je continuerais quand même !

Tu as représenté la scène électro pour les Victoires de la musique en 2022. Penses-tu que la reconnaissance accordée à l’électro est suffisante ou reste t-il encore des efforts à faire pour promouvoir et soutenir cette scène en France ?

Je pense qu’elle est bien représentée, oui. Après, un programme comme celui-là, je ne sais pas s’il est vraiment représentatif globalement. Je trouve que les artistes électro sont assez mis en avant, qu’il y a beaucoup de clubs, qu’ils sont présents dans les programmations de festivals. Après, les Victoires de la Musique ont besoin d’artistes qui puissent performer sur scène et qui voient un peu plus loin que l’électro justement.

Merci d’avoir répondu à nos questions. As-tu un dernier message à faire passer ?

Merci !

Réalisation & Retranscription : Valso / Préparation : Valso, Lutel, Lilou, Vincent, So, Mike & Dnzl

By Valso

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