
Première interview de l’année sur Valliue ! À l’occasion de la sortie de leur single « Shifted », nous avons posé quelques questions au duo il:lo ! De leur rencontre à la qualité de leurs artworks en passant par leur rapport aux voyages, découvrez l’intégralité de leurs propos ci-dessous :
Salut il:lo, pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas ?
On est un duo français de musique électronique basé à Montpellier et Berlin. On produit principalement de la musique Downtempo tout en explorant les genres de la Deep house et de l’UK garage avec toujours l’envie de mélanger des sonorités acoustiques et synthétiques.
C’est la question de base du site. Quelle est votre définition de la musique électronique ?
Andreas : C’est une question difficile, pour ma part, je dirais que c’est une musique créée à partir d’outils technologiques, ordinateurs, synthétiseurs, boîtes à rythmes. Ça ne veut pas dire qu’elle est composée uniquement d’éléments « synthétiques » mais que l’utilisation de ces outils est nécessaire pour la créer.
Dejan : Notre musique est qualifiée d’électronique alors qu’elle comporte des samples d’instruments acoustiques. Surement parce qu’elle comporte une majorité de pistes générées par des appareils électroniques.
Vous vous êtes rencontrés en 2010 à Prague. Travailler ensemble a tout de suite été une évidence pour vous ?
Andreas : On s’est rencontré en vacances, Dejan passait un week-end avec des amis à Prague et de mon côté, je faisais un roadtrip (Interrail) avec un ami. On s’est rencontré dans un cadre festif. C’est seulement deux ans après et à travers nos pages Soundcloud respectives que l’on a découvert cette passion commune et que l’on a commencé à créer ensemble. On avait des influences et des méthodes de production différentes, mais complémentaires, donc ça a pris assez rapidement !
Dejan : Dès qu’on a commencé à travailler ensemble, on a tout de suite compris qu’on réagissait aux mêmes émotions, aux mêmes mélodies, on ne s’est par la suite jamais posé la question de ne pas continuer.
Dans votre musique, la thématique du voyage semble essentielle. Consommez-vous de la musique pour permettre de vous évader ?
Andreas : Le voyage est pour nous un élément fondateur de ce projet, peut-être, car on s’est rencontré lors d’un voyage. Je pense plus généralement qu’à la base, on voulait faire de la musique pour que les auditeurs puissent prendre plaisir à écouter au casque en regardant à travers la fenêtre du train, de la voiture, ou de l’avion. De mon côté, c’est vraiment dans ces moments que j’écoute le plus, et le plus attentivement, de la musique. C’est la bande son de mon voyage.
Dejan : Je suis un grand rêveur, j’écoute de la musique et je pars dans mes pensées, j’ai pleins d’images en tête. Je voyage en restant au même endroit.
Votre nouveau single “Shifted” vient de sortir, en collaboration avec Fractures. C’est la première fois que vous utilisez un vocal dans une de vos productions. Le processus de création a-t-il été différent ?
Cela a été un peu différent, car il ne s’agissait pas juste de sélectionner, cutter et pitcher certains phrasés d’une voix samplée mais de construire autour d’un acapella que nous a envoyé Fractures. C’est nouveau dans la mesure où il fallait construire une structure qui respecte et mette en valeur les paroles et la mélodie de cette voix. C’était hyper intéressant pour nous de nous confronter à ça et de changer nos habitudes de travail. On est super content du résultat de cette « première ».
En 2021, vous avez collaboré avec le label mondialement connu Anjunadeep d’Above & Beyond. De cette collaboration, est né l’EP “Meliadi”. Avez-vous ressenti que votre carrière a pris un tournant après la signature sur ce label référence ?
C’est difficile à dire, car Anjunadeep est un label qui sort principalement de la deep house et les tracks qu’on a sorties avec eux sont très downtempo donc ça n’a pas été un énorme tournant. Ce qui est sûr, c’est que ça nous a donné l’envie de produire des tracks plus dansantes, notamment pour le live et c’est d’ailleurs ce que nous avons fait en sortant des versions « live edit » quelques mois après les morceaux originaux.
Pour la sortie de “Meliadi”, vous avez réalisé, avec la complicité du label, un live exceptionnel en plein milieu de la nature sauvage du Canyon du Diable. Est-ce une expérience que vous aimeriez réaliser de nouveau ? Si oui, dans quel lieu atypique ?
On a tourné des « live edits » de « Meliadi », « Cesta » et « List » dans le sud de la France. L’idée était de s’amuser à reprendre ces morceaux dans une version plus énergique. Pour les nouveaux titres, on va probablement refaire ce genre de vidéo. Pour tout dire, on est en train d’organiser le prochain tournage et donc se pose le choix du lieu, pour l’instant, on ne sait pas exactement ! Pourquoi pas quelque chose de plus urbain à Berlin ou Paris !
En mars 2022, vous avez sorti “Soldiner” sur Nettwerk Music. Lors de sa sortie, vous avez déclaré “entrer dans une nouvelle ère” avec ce morceau. Qu’entendez-vous par cette déclaration ?
Contrairement aux titres précédents, c’est un morceau sur lequel on avait moins de recul, il était plus frais. D’habitude, on travaille des mois voir des années sur une démo qui aboutit parfois à une release.
Dans le cas de « Soldiner », c’était un peu plus spontané. On avait l’envie de faire un morceau qui soit davantage basé sur des sons de synth et moins de samples donc c’était pour nous une nouvelle manière de produire. Ce titre marque aussi notre première track originale résolument orientée deep house, genre que nous avions seulement approché avec des remix auparavant.
Vos remixes sont toujours qualitatifs et appréciés ! Au final, préférez-vous créer une musique de toutes pièces, ou redonner vie à un titre déjà existant en le remixant ?
Andreas : C’est deux exercices qui sont très différents. Disons que les remixes, c’est l’opportunité de tester des choses qu’on ne fait pas normalement en termes de rythmes ou de sonorités. Le fait qu’il y ait un cadre permet d’expérimenter tout en gardant un élément moteur, un fil conducteur qui est souvent une voix ou un lead de piano ou synthé du titre original. Dans le cas d’une composition, c’est à nous de fixer ce cadre et c’est là où on peut se perdre et passer des mois, voir des années sur une idée sans la terminer. Les deux approches sont excitantes.
Dejan : Je préfère partir d’un sample et construire autour. J’adore les remixes, car je suis obligé de trouver des idées autour d’un élément fixe. Quitte à passer des jours à essayer, c’est un jeu.
Vos artworks sont toujours très agréables, colorés et épurés. L’identité visuelle possède-t-elle un rôle important dans l’industrie musicale ?
Andreas : On a toujours souhaité avoir des covers minimalistes et intrigantes. Disons qu’avant de cliquer sur un son, c’est la première chose que tu vois. Je suis persuadé que si on me fait écouter le même avec deux covers différentes, je ne vais pas avoir le même ressenti.
Dejan : Complètement, si on prend comme exemple notre dernier son « Shifted » on a choisi une couleur rouge intense qui retient directement l’attention et met dans l’ambiance du morceau sans même l’avoir écouté !
On a eu l’occasion d’admirer votre performance lors de la première partie à Toulouse de Clozee. Jouer en France, partager, faire découvrir votre univers devant son public, il n’y a pas une pression supplémentaire pour vous ?
Andreas : Comme on ne vient pas de Toulouse, ça ne nous a pas ajouté de pression supplémentaire. Par contre, c’est clair que lorsqu’on joue à Paris, Montpellier ou Berlin, devant des amis ou de la famille, c’est tout de suite un peu plus stressant !
Dejan : La pression sur la tournée avec Clozee venait plus du fait qu’on joue un set deep house devant un public qui est là pour de la bass music. On a été agréablement surpris par les bonnes réactions du public pendant notre set. On sentait que le public était aussi sensible à notre musique.
Cette soirée faisait partie de votre “World Tour”. Vous êtes récemment passés par l’Europe, mais surtout les États-Unis. Jouer dans des villes mythiques comme Chicago, Seattle ou même Las Vegas, c’était un rêve ? Comment avez-vous été accueillis par le public américain ?
Andreas : Les États-Unis, c’est clair que c’était un rêve de pouvoir y jouer, mais c’est vraiment dépaysant, surtout l’ouest du pays. On vient de terminer notre troisième tournée là-bas et il y a toujours un super accueil même si on joue en première partie.
Dejan : Chicago, c’était réellement un gros kiff. Les gens sont bouillants là-bas, même en pleine semaine à 20h !
Quels sont vos projets pour la suite ?
On a une fin d’année et une rentrée 2023 chargée avec la sortie de nouveaux titres jusqu’au mois d’avril et si tout va bien, on devrait recommencer à tourner au printemps !
Merci d’avoir répondu à nos questions ! Avez-vous un dernier message à faire passer ?
Andreas : Joyeuses Fêtes et un gros merci à vous pour l’interview !
Dejan : On espère que notre musique aura touché vos lecteurs, on se boit un verre sur la prochaine date à Toulouse !
Préparation : Valso & So / Montage : So