
Calumny est ce groupe que vous avez peut-être découvert sur Valliue ! Depuis leur première release, les deux producteurs ont tout de suite attiré le regard de la rédaction et à l’occasion de la sortie de leur premier album, il était temps de raconter leur histoire à travers une interview. Voici l’intégralité de leurs propos :
Salut Bastien, Salut Quentin ! Pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne connaissent pas encore Calumny ?
Quentin: Calumny, c’est un duo de Djs belges, originaires de Wallonie. On a commencé la musique il y a une dizaine d’années, chacun de son côté. On se connaissant déjà car on se croisait sur plusieurs dates. Ensuite, on a décidé de faire une collaboration entre nos deux projets et Calumny est né en 2018 ! 5 ans plus tard, le projet a bien grandi mais avec toujours cette étincelle dans les yeux (rires) !
Bastien: Belle description (rires).
C’est la question de base du site… Quelle est ta définition de la musique électronique ?
Bastien: Waouh ! En vrai, c’est très complet comme question. Pour moi, tout est dans les vibrations que dégage la musique électronique, c’est tellement puissant ! Ce sont des sonorités tellement exclusives, que tu ne pourrais pas faire avec d’autres instruments. De plus, il n’y a pas de limite. Tant qu’elle est faite avec un ordinateur ou des machines, tu pourras toujours trouver des nouvelles choses et te réinventer. Tandis que dans d’autres styles, j’ai l’impression que tu es très rapidement bloqué. C’est cela que j’adore dans cette musique : c’est hyper complet, presqu’infini et tellement changeant !
Quentin: Sincèrement, je n’aurais pas mieux dit ! Avec un ordinateur, tu peux transformer absolument n’importe quel son ou n’importe quel instrument en totalement autre chose. Tu peux réécrire les éléments à l’infini et ça, c’est incroyable.
Vous venez de sortir l’album Hatch, quelle est l’histoire de cet opus ?
Quentin: C’est un projet qui a commencé il y a deux ans. Nous étions en plein confinement et nous avons été très productifs car on produisait de nombreux morceaux. On avait tellement de morceaux que c’est devenu une blague entre nous : « On en a tellement, on pourrait faire un album ». Mais au fur et à mesure, on a toujours gardé cette idée dans un coin de notre tête et on continuait à sortir des singles. Avec le temps, la blague est devenue de plus en plus sérieuse car l’album était une solution pour nous de mieux s’affirmer, de mieux présenter ce qu’on fait. Sinon, c’était à chaque fois « se cacher derrière un single, faire la promo, sortir un nouveau un single, faire la promo, etc ». Le schéma du single a ses avantages mais on avait l’impression que notre image était restreinte à ce format. On voulait en sortir et l’avantage de sortir un album, c’est que tu peux présenter un opus qui te correspond à 100%.
Et quel était votre parcours durant la conception de cet album ?
Quentin: Le parcours a été enrichissant car tu ne bosses pas sur un album comme tu travailles sur un single. La setlist a tellement été modifiée en deux ans car tu travailles pendant longtemps, tu retires des morceaux, tu en rajoutes, etc. Je crois que si on n’avait pas sorti l’album, l’expérience restait positive et riche. Ça a vraiment été un parcours agréable de travailler sur l’album. Je crois que même si on ne l’avait pas sorti, ça aurait été super enrichissant parce que c’est très différent de bosser un single et de bosser un projet comme ça.
Bastien: De plus, en 2023, le format album n’est plus trop ce qui fonctionne quand tu es DJ. À priori, ce n’est pas du tout le format que tu dois faire si tu veux juste passer en radio. Quand tu fais un album, cela demande beaucoup de temps, beaucoup d’investissement, beaucoup de boulot derrière. Tout cela, pour que les gens aillent l’écouter sur Spotify ! À l’époque, ils allaient acheter le disque physique, etc. Il y avait quelque chose de matériel. Maintenant, c’est fini. Cependant, on a beaucoup de chance car on a eu trois singles qui sont sortis et qui sont passés en radio. Le public a pu découvrir un large aperçu de notre travail. Mais pour les autres morceaux, finalement, il n’y a que nos fans qui vont les découvrir. En réalité, c’est beaucoup de travail pour finalement pas autant de revenus que sur un single.
Mais un album, c’est un bel objectif accompli ! Une fierté !
Quentin: Fier et soulagé aussi. Quand tu sais que quelque chose arrive depuis tellement longtemps et que tu ne peux pas en faire profiter les autres, etc, à un moment, ça mène à de l’impatience. On en a eu pendant la création du projet parce qu’il y a toujours des moments de doute, des imprévus etc. Pour un projet aussi important, c’était certain qu’il allait y avoir des hauts et des bas ! Mais comme je l’ai dit, le parcours était enrichissant ! L’album a été une excuse pour retravailler toute notre direction artistique et retravailler le projet. Je pense que c’était nécessaire parce qu’on a eu un peu ce boost de notoriété pendant le Covid avec deux singles à succès. On n’était peut-être pas prêts pour avoir autant d’exposition en si peu de temps. On aurait pu tomber dans le piège de continuer à sortir des morceaux en ne sachant pas qu’elle était notre image, notre vision etc. L’album nous a permis d’avoir une vue plus précise concernant le futur de Calumny.
L’album est donc une cartouche qui a été utilisée au bon moment ?
Bastien: C’était la suite logique de ce qu’on était en train de faire aussi. On sortait des singles et on avait des supers retours de notre public qui continue à grossir. Mais quand tu te retrouves à ce niveau, tu te poses la question: « Demain, qu’est ce qu’on fait ? ». Car un single, ça dure quelques mois et puis tu recommences. Avec cet album, c’est nouveau pour nous et cela lance 2023, prépare 2024. Notre image, notre identité est claire pour tout le monde désormais. Le public sait à quoi s’attendre de notre côté pour les années à venir.
Justement, la direction artistique de l’album est plutôt sombre : une station essence, dans la nuit, au sein d’un univers presque post-apocalyptique ? Pourquoi un tel choix artistique alors que Calumny a une image enjouée et positive ?
Quentin: Comme je disais, on avait bossé des singles et on a eu une exposition soudaine alors que notre direction artistique n’était pas clairement définie. Avec cet album, on propose une musique plus sombre mais qui reste accessible pour monsieur et madame tout le monde. Ce n’est pas une electro trop perchée. En 2019-20, ce qu’on faisait nous correspond moins aujourd’hui. D’ailleurs, le titre de l’opus a une véritable signification : « Hatch », en anglais, cela signifie « éclosion ». Cela signifie que Calumny propose également autre chose que de simples singles qui fonctionnent en radio. Et concernant la pochette et le côté post-apocalypique, cela fait partie de notre renouveau. Deux mecs qui débarquent dans l’inconnu, qui font table rase du passé et montrent ce qu’ils sont/font vraiment.
Avec une électro plus « dure », c’est aussi pouvoir jouer sur deux tableaux, d’un côté, les morceaux qui passent en radio et de l’autre, ce que vous proposez en live non ?
Bastien: Exactement ! Avant l’album, il y avait des moments durant lesquels on ne savait pas comment jouer nos singles en live. Ils étaient tellement en dehors de ce qu’on voulait jouer en concert. Mais on devait les jouer car le public venait nous voir grâce à ces morceaux entendus à la radio. En proposant cet opus, on propose également une musique qui correspond à nos DJ sets désormais. On peut maintenant jouer 45 minutes de nos propos morceaux et cela s’imbrique parfaitement dans la construction de ce qu’on veut proposer en live.
À partir de ce moment où on réfléchit à une musique pour le live et une musique pour la radio, comment cela se déroule dans le processus créatif ?
Bastien: Ce sont deux façons différentes de travailler ! Cependant, on n’est jamais entré en studio en se disant « Ok, on va faire un hit pour la radio ». On se pose la question quand la démo est terminée.
Quentin: Si tu bosses avec un objectif de passer en radio, tu vas travailler pendant des mois et tu n’arriveras jamais à un résultat satisfaisant. C’est en produisant que tu te rends compte du potentiel de ton morceau. Par exemple, tu es sur un drop très « dur » et ensuite, tu te rends compte que tout le reste de la construction ne correspond pas. Tu modifies certains éléments, tu ajoutes un vocal et comme par magie, cela devient un track que tu peux défendre en radio. En commençant de zéro, tu ne réfléchis pas au résultat final. Tu suis ton instinct et c’est parti ! Pour l’album, on avait une centaine de maquettes dont les 3 singles qui ont permis de relayer le projet en radio. Et ensuite, de proposer une électro plus niche et d’inspirations différentes.
Quand on écoute l’album, on ressent de multiples influences, de la Pop à la House, en passant parfois par la Trap etc, comment expliquer cette richesse d’influences ?
Bastien: Quand le projet de l’album a été mis sur la table, on n’avait aucune barrière et c’était volontaire. On voulait juste produire des morceaux et à un moment donné, les réunir. Ensuite, la question de la direction s’est posée et il était temps de s’imposer un cadre. On devait savoir ce qu’on voulait proposer et qui allait également nous plaire. On a regroupé toutes ces réponses et cela donne un album inclassable en vérité. C’est de l’électro mais tu ne peux pas le classer dans la House ou la Trap etc. Cependant, tout reste cohérent au niveau de la production, de la couleur, des sonorités. On ne voulait pas tomber dans une case mais jouer sur plusieurs niveaux. On voulait absolument éviter le copier-coller.
Quentin: Ce n’est pas un cliché, il y a des artistes qui sont très bons dans un style et qui compose un album à partir de cette base. On ne voulait pas se cantonner à un genre précis mais laisser la porte ouverte. Ces dernières années, notre style a évolué et j’en suis très content. On n’est pas resté sur un style comme la Deep House, je pense que je n’aurais pas été heureux si on était resté enfermé dans un genre musical bien précis.
Cependant, on ressent toujours votre patte artistique malgré toutes vos influences ? On reconnait tout de suite votre style !
Bastien: Selon moi, c’est le plus important ! Un artiste comme Calvin Harris, tu ne t’attends jamais à ce qu’il va sortir mais c’est toujours un succès. C’est une vraie liberté de te dire : « Ok, j’ai un track qui a fonctionné et pourtant, je ne vais pas devoir reprendre la même recette pour mon prochain morceau ». Si tu parviens à ce constat, tu as tout gagné ! Si tu veux réinventer l’électro, tu le fais tout simplement.
Si on revient en arrière, on voit que votre style musical a évolué, d’un son plus “dur” à des sonorités “plus légères” et Pop, quelles ont été les grandes étapes selon vous qui expliquent cette évolution ?
Bastien: Au départ, on avait des projets complètement différents mais avec quelques similarités. Quentin jouait plus Hard/Underground et moi j’étais plus dans la mélodie avec des voix. En 2018-19, un style était à son apogée, c’était la Future Bass et cela nous plaisait vraiment car on s’y retrouvait. Il y avait le côté mélodie/vocal tout en ayant un aspect très club/festival. Ce genre musical était vraiment la parfaite combinaison de nos deux mondes. La preuve : la base de notre premier morceau « Infinity » a été faite en une soirée. On a donc lâché nos projets respectifs pour annoncer la naissance de Calumny !
Quentin: De plus, nos backgrounds nous ont permis de rapidement faire évoluer le projet. Bastien avait déjà beaucoup d’expérience en live avec près de 50 dates par an et moi, je passais énormément en studio à travailler mes productions underground. On a pu très vite tester nos productions en live grâce aux contacts de Bastien et voir ce qui fonctionnait, ce qui ne plaisait pas, etc. Et au final de toute cette réflexion, tu as cet album qui représente parfaitement ce qu’on aime composer et ce qu’on aime jouer !
Bastien: Le live nous a vraiment permis d’orienter par moment nos productions. Le drop de « I Feel Like » par exemple, on l’a créé en imaginant la réaction du public. Le second moment fort de « Apocalypse », on s’attend à ce que les gens sautent etc. C’est grâce aux lives qu’on a commencé à créer ses instants dans nos morceaux. C’est clair que ça a changé toute la manière de produire.
Quentin: C’est aussi quelque chose que tu ne peux pas faire sur un single. Tu ne peux pas dire « Je bosse un single pour le live ». Le format est très limitant si tu veux le défendre dans des médias classiques comme les radios. On était obligé de faire des edits pour que les singles correspondent avec l’énergie de nos lives.
Dans l’album, il y a un DJ Tool de Dangerous d’ailleurs. Est-ce que d’autres edits sont prévus ?
Quentin: Il y en aura, c’est certain !
Bastien: Le BPM de Dangerous est de 105 BPM. C’est très difficile de conserver l’attention et l’énergie avec ce type de tempo.
Est-ce que ces futurs edits donneront lieu à une version Deluxe de l’album ?
Quentin : Peut-être, à voir (rires) !
Bastien: C’est cool d’avoir des edits pour tes lives mais également pour ton public car tu lui offres quelques surprises après la sortie de l’album original. Des versions différentes qui étonnent, je suis assez friand de ça !
Quand on écoute toute votre discographie, on remarque que vous travaillez très souvent avec des chanteurs-euses. Pour vous, c’est dans l’ADN de Calumny ?
Bastien: Cela fait partie intégrante de ce qu’on fait. Depuis le début, on voulait avoir des voix qui soient top. Même pour le premier morceau, on cherchait des gens en Belgique pour chanter dessus. On aurait pu juste télécharger un vocal sur Splice mais on désirait aller vers cette démarche de trouver la bonne personne qui avait ce petit quelque chose d’original.
Par souci de qualité ?
Quentin: C’est dans notre processus de création, c’est dans l’ADN de nos morceaux. Le fait de discuter avec le/la chanteur(-euse), travailler sur les paroles etc. Aujourd’hui, l’électro est présente partout, que ce soit dans la chanson française ou même parfois le classique. Les mondes sont tellement entremêlés. Et le fait d’enregistrer quelqu’un rend ta production unique !
Bastien: Mais c’est un travail assez intense et parfois difficile car tu dois trouver la voix qui correspondra parfaitement à ton morceau. Et là aussi, tu ne dois pas tourner en rond, il faut sans cesse se renouveler. Même si avec tel artiste, tu sais que ça fonctionne car le morceau précédent a fonctionné, il ne faut pas tomber dans la facilité. On essaie de trouver quelque chose qui n’a pas été fait 1000 fois !
Quentin: De plus, c’est un aspect dont tu n’es pas maître. En tant que producteur, tu peux faire un morceau de A à Z tout seul. Cependant, trouver le ou la bonne chanteur(-euse) qui va correspondre avec ta démo, c’est parfois de la chance. Et on ne peut pas contrôler ! Cependant, c’est aussi excitant car tu ne sais pas ce que le mélange va donner !
Bastien: Et souvent, tu redécouvres ton track car cela prend une autre dimension, amène le morceau à un tout autre niveau. Quand tu parviens à avoir la bonne voix sur le bon morceau, c’est Woaw !
Quelles surprises avez-vous vécues par exemple ?
Quentin: Avec Coline pour Lose Control ! La première fois qu’on est en studio ensemble, elle m’a étonné par son timbre de voix. J’avais l’impression qu’elle n’allait jamais chanter faux.
Bastien: Et ensuite, on a enregistre « What I Desire » avec elle également. On s’est même permis de retravailler les paroles avec elle. C’était incroyable !
Quentin: Oui, là, on a su qu’elle amenait le morceau à un niveau supérieur !
En parallèle de Calumny, il y a le projet Smako de Quentin qui sonne plus Rave/Club avec déjà un album dans la discographie. Smako, c’est là où tu peux mettre tout côté “Dark” ?
Quentin:Oui effectivement et ça me soulage (rires). Quand je compose, parfois, je me demande pour quel projet, le track pourrait convenir. Et le fait d’avoir sortir un album sous Smako avant celui avec Calumny m’a beaucoup apporté sur le processus.
Bastien: Je trouve que c’est complémentaire car le projet Smako ne desservira jamais le projet Calumny. C’est complètement différent mais cela permet de ramener d’autres influences. Cela permet de ne jamais s’enfermer mais plutôt de s’ouvrir !
Quentin: C’est un véritable défouloir !
Une tournée est prévue prochainement et une date en France a été annoncée, est-ce que d’autres dates dans l’Hexagone sont au programme ?
Bastien: Oui, il y a des dates de prévues en France et on aimerait jouer beaucoup plus dans l’Hexagone ! On annoncera toutes les dates bientôt.
Quentin: De plus sur Spotify, on voit qu’on a déjà beaucoup de soutien de France ! Donc on essaiera de passer très bientôt !
Quelle est la suite pour Calumny ?
Bastien: On continue à produire et sortir des morceaux très bientôt !
Quentin : On va assurer la tournée d’été ! On continue de travailler sur notre musique comme on le fait aujourd’hui pour que de nouvelles portes s’ouvrent !
Est-ce que vous avez un dernier message à faire passer ?
Bastien : Bisous (rires).
Quentin: Merci à Valliue pour le support. Vous étiez les premiers à écrire sur nous et ça, on n’oublie pas !
Préparation : Valso, Rémicrd / Réalisation : Remicrd / Retranscription & montage : Remicrd